Particules du virus de la variole du singe (en rouge) sous microscopie électronique à transmission. Image: NIAID
Plusieurs cas ont été répertoriés en Europe et au Canada. Que sait-on jusqu’à présent sur ce virus?
Selon Global Health, une plateforme regroupant des experts internationaux qui colligent des données en temps réel sur les maladies infectieuses, il y aurait plus d’une centaine de cas confirmés de mpox (autrefois appelé variole du singe ou variole simienne) au Canada. Parmi les cas confirmés, ceux-ci se retrouveraient principalement à Montréal et dans le reste du Québec. Il y aurait également des cas confirmés à Toronto.
À l’échelle mondiale, on parle de plus d’un millier de cas confirmés. Outre le Canada, le Royaume-Uni, l’Espagne et le Portugal sont les pays où l’on en dénombre le plus.
Voici ce que l’on sait sur cette maladie.
Quels sont les symptômes de la mpox?
Les principaux symptômes rapportés sont maux de tête, douleurs musculaires et lésions cutanées, souvent douloureuses, à la bouche ou aux organes génitaux. « Cela ressemble souvent à un syndrome grippal avec fièvre et myalgie. Et puis, quelques jours après, des lésions cutanées – loin d’être bénignes – se développent et deviennent ulcéreuses en pouvant se répandre partout sur le corps », détaille la Dre Cécile Tremblay, médecin-infectiologue au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM). Les symptômes persistent entre 2 à 4 semaines avant de disparaître. Dans la grande majorité des cas, le malade guérit de lui-même.
Comment se transmet le virus?
Le virus est transmis lors d’un contact étroit avec un animal ou un humain infecté. On peut être contaminé par les fluides corporels, les lésions et les ulcères, qui contiennent des particules virales. Ce n’est donc pas strictement une maladie transmise sexuellement, contrairement à ce que beaucoup de personnes croient.
D’après des observations recueillies et présentées lors d’une conférence sur la mpox par la Dre Marina Klein, chercheuse spécialisée en maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill, les particules virales peuvent notamment être détectées dans le sang, les voies respiratoires supérieures, l’urine et les lésions ulcérées.
Les personnes infectées doivent s’isoler, porter un masque et couvrir leurs lésions cutanées. Le diagnostic de la maladie est confirmé suite à l’envoi d’un échantillon au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg. Cependant, on s’affaire présentement à effectuer la détection sur place, et dans un délai entre 24 à 48 heures, avec l’utilisation d’un test PCR en temps réel qui est optimisé pour la détection des orthopoxvirus (pan-orthopox PCR screen).
Qu’est-ce que le virus mpox?
C’est un virus à double brin d’ADN de la famille des Poxviridae. Le virus de la variole humaine (qui a été déclarée éradiquée en 1980) et le virus de la vaccine appartiennent aussi à cette famille.
Il existe deux souches différentes de la mpox : celle du Congo (appelée également d’Afrique centrale) et celle de l’Afrique de l’Ouest. Entre les deux, la souche du Congo est la plus virulente, présentant un taux de mortalité de 10%. Les décès surviennent suite à série de complications causées par l’infection : encéphalite, pneumonie, infections oculaires, etc. Les jeunes enfants ou les personnes ayant une co-infection sont plus à risque. La souche qui sévit actuellement un peu partout dans le monde est celle de l’Afrique de l’Ouest, qui est beaucoup moins sérieuse (taux de mortalité de 1%). L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne détecte aucun décès jusqu’à présent pour cette actuelle vague d’infections.
Les personnes atteintes, âgées majoritairement entre 20 à 49 ans, n’auraient pas voyagé dans les régions où le virus est endémique, souligne Marina Klein, médecin spécialiste en maladies infectieuses. Elles auraient cependant voyagé dans des pays de l’Europe, où l’on signale des cas.
Pourquoi l’appellait-on variole du singe?
La variole du singe, qu’on appelle désormais mpox, est une zoonose, c’est-à-dire une maladie infectieuse transmise des animaux vers l’humain. Le virus porte ce nom, car il a été identifié pour la première fois en 1958 chez des singes dans un laboratoire de recherche. Cependant, les rongeurs sont les hôtes les plus communs du virus. Le virus a été diagnostiqué pour la première fois chez l’humain (un bébé de 9 mois, en 1970) en République Démocratique du Congo.
La vaccination est-elle nécessaire?
Un vaccin de deux doses est disponible au Québec pour les personnes à risque et ayant eu un contact rapproché avec un malade. Il s’agit du vaccin Imvamune de la compagnie danoise Bavarian Nordic. Ce vaccin est administré contre la variole humaine, mais il fonctionne aussi contre la mpox. « Ce sont des virus extrêmement proches. Le vaccin antivariolique est efficace contre ces deux poxvirus. Cela a été démontré par des études chez les animaux ainsi que par des études d’immunogénicité chez les humains », indique la Dre Cécile Tremblay.
Dans quelle mesure doit-on s’en inquiéter?
Ce virus ne sort pas de nulle part. Il circule depuis plusieurs années sur le continent africain. C’est en 2003, aux États-Unis, que l’on signale pour la première fois des éclosions à l’extérieur de l’Afrique. « Il y avait eu une première éclosion dû en grande partie à l’importation de chiens de prairie comme animal de compagnie », raconte Dre Cécile Tremblay. Il y avait eu 47 cas confirmés où « toutes les personnes infectées par la variole du singe sont tombées malades après avoir été en contact avec des chiens de prairie infectés » selon les Centers for Disease Control and Prevention. Depuis 2003, il n’y avait pas eu d’autres éclosions en dehors du continent africain.
Quelle ampleur prendra cette épidémie de mpox?
Il est impossible de prédire jusqu’à quel point le virus se disséminera parmi la population. Les cas rapportés devraient continuer à grimper : cela survient souvent lorsque les projecteurs sont braqués sur une maladie en particulier. « On constate une explosion du nombre de cas rapportés, mais cela ne signifie pas que la maladie se répand tout aussi rapidement », signale, avec prudence, Bernard Hoet, qui est responsable de la stratégie médicale de Bavarian Nordic. Cette compagnie pharmaceutique fabrique le vaccin Imvamune contre la variole humaine. « On est en train d’effectuer une surveillance attentive, mais probablement que la maladie circulait déjà depuis un moment. Ce n’est pas parce qu’on voit une explosion du nombre de cas que c’est une explosion de la maladie. C’est une explosion de la surveillance », souligne-t-il.
Dans la plupart des cas décelés actuellement, les hommes sont les plus touchés par la maladie. Pourquoi?
L’OMS insiste sur ce point : ce n’est pas une infection sexuellement transmissible seulement chez les homosexuels. « Toute personne ayant un contact physique étroit, de quelque nature que ce soit, avec une autre personne atteinte de la variole du singe est en danger », indique-t-on sur le site web de l’organisation.
Le médecin Cécile Tremblay renchérit en disant que c’est souvent le hasard qui provoque l’introduction du virus parmi une population donnée. « Ce n’est pas une maladie exclusive à l’homme. Une femme qui aurait un contact prolongé, soit par gouttelettes ou par des lésions infectées, pourrait aussi bien l’attraper. »
Mise à jour de l’article le 29 novembre 2022 pour tenir compte de la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé, qui a renommé variole du singe pour mpox.
Dans une revue de littérature publiée dans PLOS Neglected Tropical Diseases, Bernard Hoet, responsable de la stratégie médicale de Bavarian Nordic, mentionne avoir été « surpris de constater une hausse très forte de la maladie au cours des dernières décennies », plus particulièrement au tournant des années 1990. On note ainsi que le nombre de cas est passé de 48, en 1970, à 520 dans les années 1990 sur le continent africain.