On voit ici les particules virales du SARS-CoV-2 colorées en bleu. Image : CDC/ Hannah A Bullock; Azaibi Tamin
Un article paru dans Nature Medicine montre que le virus SARS-CoV-2, qui est responsable de la maladie COVID-19, n’a pu être créé par l’humain. Voici pourquoi.
Depuis quelque temps, des rumeurs circulent sur le Web à l’effet que le nouveau virus à l’origine de la pandémie ait été créé en laboratoire. Des chercheurs provenant des États-Unis, de l’Australie et du Royaume-Uni démentent cette thèse. Selon leurs conclusions, publiées sous forme de correspondance dans la revue Nature Medicine, l’analyse de la séquence du génome du SARS-Cov-2 montre plutôt que celui est né de l’évolution naturelle.
Comment ont-ils fait pour en arriver à cette évidence? Peu de temps après l’éclosion de l’épidémie en Chine, des scientifiques ont partagé le génome du virus à la communauté scientifique mondiale. Les chercheurs ont donc utilisé cette séquence génomique pour la comparer à celle d’autres coronavirus causant le MERS et le SRAS. Ils ont plus particulièrement porté leur attention aux pics de protéines (spike protein) situés à la surface du coronavirus. Ces pics lui servent entre autres à s’agripper aux cellules humaines ou animales et à les pénétrer. Le virus a vraisemblablement évolué pour reconnaître et interagir efficacement avec des récepteurs de nos cellules, appelés ACE2.
Selon eux, c’est le résultat de l’évolution naturelle et non pas le produit de l’ingénierie génétique. «Si quelqu’un cherchait à créer un nouveau coronavirus comme agent pathogène, il l’aurait construit à partir de la structure d’un virus connu pour provoquer des maladies», lit-on dans le communiqué de presse. Les scientifiques constatent plutôt que la structure de base du SARS-CoV-2, son «squelette», diffère beaucoup des autres coronavirus connus chez l’humain et qu’il possède plutôt des similarités avec les virus retrouvés chez les animaux comme la chauve-souris ou le pangolin.
Quelle est l’origine du virus?
On est encore au tout début de cette quête identitaire du virus, mais les chercheurs émettent quelques hypothèses quant à son origine. Une possibilité évoquée serait que le virus, dans une version non pathogène, soit passé d’un animal à l’humain et qu’il aurait ensuite évolué au sein de la population pour devenir pathogène.
L’autre possibilité, maintes fois évoquées depuis janvier, est plus inquiétante, car il y a un risque que des pandémies similaires se produisent à nouveau dans le futur : celui où le virus s’adapte dans une population animale avant de faire le saut chez l’humain. Dans ce scénario, «le virus a évolué jusqu’à son état pathogène actuel par sélection naturelle chez un hôte non humain (NDLR: peut-être une chauve-souris), puis a sauté chez l’humain». C’est aussi ce que l’on observe pour d’autres épidémies. Par exemple, pour l’épisode de SRAS de 2003, le coronavirus est passé des civettes à l’humain. Lors de l’éclosion de la maladie MERS en 2012, c’est plutôt une transmission d’un chameau à l’humain qui en est responsable. «Il n’existe cependant aucun cas documenté de transmission directe de chauve-souris à l’humain, ce qui suggère qu’un hôte intermédiaire a probablement été impliqué entre les chauves-souris et les humains.» Quel est-il? On ne le sait pas encore pour l’instant.