À la recherche de la tomate perdue
Grosse, ferme et rutilante, Solanum lycopersicum vous fait de l’œil au supermarché. Vous l’achetez. Mais, une fois en bouche, déception: la pomme d’amour ne goûte plus comme avant. Patientez un peu, la phytobiologie pourrait bien lui redonner sa saveur authentique!
Chez Les jardiniers du chef , cultiver la tomate est un art. Depuis une vingtaine d’années, Pierre-André Daigneault teste des centaines de variétés anciennes sur sa ferme biologique. Qu’importe si ses fruits sont bruns, jaunes, mauves, potelés ou fendus, le plaisir des papilles est la priorité du producteur qui fournit certaines des meilleures tables au Québec.
Mais pour obtenir des tomates savoureuses, le maraîcher de Blainville doit nécessairement sacrifier le rendement. Du moins, à ce titre, il n’arrive pas à la cheville des géants de l’industrie. «Travailler la tomate est pour moi un passe-temps, dit ce diplômé en psychologie qui a tout plaqué pour un retour à la terre. C’est beaucoup d’ouvrage et ce n’est pas très payant. Ça représente 1% de ma production maraîchère. Mais il n’y a pas de demande pour les variétés plus goûteuses.»
Chercheur au département de phytologie de l’Université Laval, Charles Goulet explique que, en effet, le choix des variétés de tomates se fonde principalement, aujourd’hui, sur le rendement, la résistance aux maladies et aux insectes, l’apparence du fruit et sa conservation.