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20 décembre 2022
Temps de lecture : 2 minutes

Accord à la COP 15 : les pays protégeront la nature

Image: Convention on Biological Diversity

Plus de 190 pays se sont entendus afin de protéger la nature et enrayer dès maintenant le déclin de la biodiversité à travers le monde.

Lors de la dernière journée officielle de la COP 15, les 196 pays ont signé un accord pour contrer la perte de la biodiversité. Ce cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal comprend quatre objectifs principaux et 23 cibles à atteindre d’ici 2030.

« Cet accord ambitieux représente une très bonne base pour le futur. Les objectifs et les cibles y sont bien formulés », indique Andrew Gonzalez, professeur en biologie à l’Université McGill et directeur du Centre de la science de la biodiversité du Québec, qui était présent tout au long de l’événement.

« Honnêtement, au début de la COP 15, je n’espérais pas avoir un document aussi complet où il y a un consensus sur les grandes lignes de ce qu’il faut réaliser d’ici 2030 », ajoute-t-il. Pour lui, il s’agit d’un signal fort que des changements seront implantés à l’échelle planétaire dans plusieurs pans de la société : le monde des affaires, les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les groupes citoyens, les peuples autochtones et communautés locales, etc.

L’un de ces principaux objectifs est de mettre en place des actions pour préserver 30% des terres et des océans de la planète d’ici 2030, le fameux 30×30. Pour l’instant, à travers le monde, 17 % des zones terrestres et 10% des zones marines sont actuellement sous protection. Cependant, les pays ne partent pas sur le même pied d’égalité : certains auront plus de difficulté que d’autres à y parvenir. « Pour le Canada, atteindre 30% en 2030 sera un véritable défi, mais c’est à tout à fait faisable », assure Andrew Gonzalez.

L’accord vise également la restauration d’au moins 30% des écosystèmes terrestres, des eaux intérieures et des écosystèmes côtiers et marins dégradés. D’après le professeur de l’Université McGill, cet objectif est un peu plus complexe à réaliser, car cela nécessite « un déploiement de stratégies socio-économiques. » Selon des conservationnistes, 30 % de la protection des océans n’est qu’un jalon qui devra impérativement être rehaussé dans le futur.

Que ce soit pour le climat ou pour la biodiversité, la tenue de ces conférences internationales est importante selon Maya Jegen, professeure de science politique à l’Université du Québec à Montréal et qui a publié récemment le livre L’État face à la crise environnementale. « Ce sont des occasions pour les pays de discuter et de prendre au sérieux les enjeux climatiques ou de biodiversité et d’aller de l’avant », dit-elle. « Lorsqu’on y pense, il s’agit de plus de 190 pays qui en sont arrivés à un consensus. C’est un succès d’avoir réussi à s’entendre sur plusieurs points. Après, par contre, il faudra voir la mise en œuvre par les différents pays. C’est toujours un peu ça le problème avec les grands accords », ajoute-t-elle.

Tensions financières

La question du financement a été un point chaud des négociations pendant la COP 15. « Il y a toujours beaucoup de discussions autour du financement des pays du Nord vers les pays du Sud », remarque la professeure de l’UQAM.

À la toute fin de la COP 15, la République Démocratique du Congo (RDC) s’est dite préoccupée quant à la responsabilité financière des pays riches envers les pays en développement, voulant la création d’un nouveau fonds pour la biodiversité distinct du Fonds pour l’environnement mondial. Malgré les résistances, l’accord est allé de l’avant, la RDC s’y ralliant finalement.

« C’est dans ce fonds que l’on dépose les milliards de dollars pour soutenir et aider les pays en développement. Cependant la République Démocratique du Congo voulait non seulement qu’un nouveau fonds soit créé et entièrement dédié à la biodiversité, mais voulait aussi une contribution financière plus élevée », explique Andrew Gonzalez. Ce pays n’a pas été le seul à réclamer plus d’argent de la part des nations riches. Le Brésil et d’autres pays en voie de développement ont besoin de soutien financier pour mettre en place les objectifs ambitieux de protection de la biodiversité.

L’accord mentionne que les contributions à ce fonds seront de « 20 milliards de dollars par an d’ici 2025 et à au moins 30 milliards de dollars par an d’ici 2030. »

Les droits des populations autochtones

Le cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal reconnaît aussi les droits, les territoires et les pratiques traditionnelles des Autochtones. « On y reconnaît que les autochtones et les communautés locales ont des responsabilités et une expertise spécifique. L’article 8 de la convention souligne l’importance des connaissances traditionnelles liées à la conservation et au développement durable », indique le porte-parole David Ainsworth, porte-parole du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique.

Les représentants de l’International Indigenous Forum on Biodiversity ont célébré cette reconnaissance et ont dit vouloir travailler dès maintenant pour que l’accord soit mis en œuvre.

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