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30 mars 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Les Autochtones ont adopté le cheval plus tôt qu’on le croyait

Image: laus Stebani/Pixabay

Une nouvelle étude corrige un pan de l’histoire du cheval des plaines américaines et des peuples autochtones des temps modernes.

Les Autochtones ont adopté le cheval dès le début du 17e siècle, selon différentes analyses archéologiques, dont le séquençage d’ADN ancien et la datation par le radiocarbone de spécimens, réalisés par une équipe internationale.

Ces données font l’objet d’un article scientifique publié dans Science. « Le point de départ de cette recherche était de tester les histoires figurant dans les manuels sur les Amériques, dont ce récit où notre peuple aurait adopté le cheval après la révolte des Pueblos de 1680 contre le contrôle des Espagnols », a expliqué, en conférence de presse, une coauteure de l’étude, Yvette Running Horse Collin, membre de la nation Oglala Lakota et directrice exécutive du Global Institute for Traditional Science. Les connaissances traditionnelles des différentes communautés autochtones témoignaient plutôt d’une relation plus ancienne avec les chevaux.

Remonter le temps

Yvette Running Horse Collin plaide pour que les savoirs traditionnels ne soient plus ignorés par la science occidentale. Ces travaux sur les chevaux se sont justement réalisés dans un esprit de collaboration entre les deux différentes approches (savoirs traditionnels et science à l’occidentale). En tout, 87 chercheurs et chercheuses à travers le monde, incluant une dizaine de Lakotas, ont collaboré pour explorer le passé du cheval. Le groupe était mené par des scientifiques du Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse.

Au Canada, Christina Barron-Ortiz, conservatrice au Musée royal de l’Alberta, a mis son expertise à contribution. Elle explique que pour savoir quand et comment les chevaux ont été adoptés par les Autochtones, il fallait non seulement étudier les restes de bêtes provenant des Grandes Plaines et des Rocheuses du Nord, mais également effectuer une comparaison avec des chevaux d’autres régions d’Amériques et d’Eurasie.

« Nos résultats indiquent que les chevaux faisaient partie intégrante du mode de vie des Autochtones depuis au moins le début des années 1600, donc avant la révolte des Pueblos. La diffusion précoce des chevaux dans cette région valide de nombreuses perspectives traditionnelles », souligne-t-elle.

William Taylor, professeur et conservateur en archéologie à l’Université du Colorado à Boulder, constate que la perspective européenne sur ces événements a biaisé la compréhension de l’histoire. « Nos analyses dévoilent que les chevaux étaient élevés localement, qu’ils étaient nourris de maïs en hiver et qu’ils recevaient des soins vétérinaires », dit le chercheur.

Questionnée par Québec Science au sujet des autres retombées possibles de cet article scientifique, Yvette Running Horse Collin répond qu’elle a été frappée de voir que la colonisation européenne a non seulement affecté les populations humaines, mais aussi animales, en particulier le cheval, dont le bagage génétique a été bouleversé. « Le génome des chevaux vivants aujourd’hui est représenté comme un mélange d’ancêtres aux origines espagnoles et britanniques. Ce type de croisement n’avait pas été observé dans les archives archéologiques avant la colonisation », remarque-t-elle.

L’article dans Science est l’un des rares à comprendre des citations en lakota (dans la section Matériels) de gardiens du savoir traditionnel, dont celle d’Antonia Loretta Afraid of Bear-Cook : « La nation chevaline a toujours choisi ses propres compagnons. L’apport de sang neuf est un processus de reconstitution et de renouvellement de la vie que nous célébrons. Il renforce notre wé (la force vitale de notre sang). Peu importe la façon dont nos chevaux se sont transformés ou l’endroit où ils se trouvent dans le monde, nous les appellerons toujours. Ensemble, nous sommes chez nous. »

« Ultimement, le plus important, ce n’est pas les résultats scientifiques mais le processus que nous avons développé ensemble pour réaliser ce travail », a affirmé Ludovic Orlando, directeur du Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse.

Qu’est-ce que la Révolte des Pueblos?

En 1680, les peuples autochtones pueblos (dans le sud-ouest des États-Unis) se soulèvent contre les colons espagnols qui ont pris possession de leurs terres et qui veulent les assimiler. Les Pueblos mènent des attaques qui forcent les colons à fuir. Ils reviendront douze ans plus tard pour reprendre le contrôle de la région.

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