Aux origines du monde: pourquoi le sexe?
Transmettre ses gènes. Ces trois mots résument nos existences. Tout ce que chaque être vivant fait pour se nourrir, échapper aux prédateurs ou combattre les maladies converge vers une seule obsession: survivre assez longtemps pour se reproduire.
Bien que peu romantique et légèrement réductrice, cette théorie évolutionniste prévaut toujours. Et pourtant, elle se heurte à un obstacle de taille. Elle n’explique pas l’existence du sexe, car n’en déplaise aux amoureux transis, la reproduction n’a nullement besoin du sexe.
«Le sexe est un paradoxe. On se demande pourquoi l’évolution n’a pas éliminé d’emblée la reproduction sexuée», résume Luc-Alain Giraldeau, vice-doyen à la recherche et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal. Surtout que la sexualité coûte cher à ceux qui s’y adonnent. En se reproduisant, un individu sexué transmet seulement 50% de son génome à son descendant. Du point de vue évolutif, ce sacrifice, appelé le «coût du sexe», est énorme. «Le but de la reproduction est de transmettre ses gènes. Renoncer à la moitié d’entre eux n’a pas de sens», ajoute le biologiste.
Le mystère du sexe
Déjà, au XIXe siècle, Darwin fronçait les sourcils en pensant au sexe. «Il n’y a pas de plus grand mystère au monde, me semble-t-il, que l’existence des sexes, particulièrement depuis la découverte de la parthénogénèse», écrivait-il à l’un de ses amis botanistes.