Le physicien Alain Bécoulet, ancien directeur de l’Institut de recherche sur la fusion par confinement magnétique (IRFM) du CEA, devient le directeur du domaine « Ingénierie » d’ITER Organization à partir du 1 janvier 2020. Au cours de sa longue carrière il a travaillé sur les tokamaks JET, DIII-D et enfin Tore Supra. Crédit: ITER
Iter doit montrer à l’humanité que la fusion nucléaire, ce processus qui survient au coeur des étoiles, est faisable sur Terre.
Dans le Sud de la France, à Cadarache, un des plus gros projets scientifiques de tous les temps est en train de voir le jour. Mais en attendant la prouesse scientifique, le chantier est un formidable défi d’ingénierie et de logistique.
Alain Bécoulet, directeur du domaine Ingénierie d’Iter, a fait le point pour Québec Science sur les avancées du chantier et les défis qui attendent les centaines de technologues et de scientifiques à l’oeuvre.
Québec Science : En quoi consiste la fusion nucléaire?

La réaction de fusion la plus efficace en laboratoire est la réaction entre deux isotopes de l’hydrogène (H), le deutérium (D) et le tritium (T). La fusion du deutérium et du tritium (D-T) produira un noyau d’hélium et un neutron. Source: Iter
Alain Bécoulet: La fusion consiste à prendre deux noyaux atomiques, à les envoyer l’un dans l’autre pour qu’ils fusionnent en dégageant de l’énergie. Dans Iter, on injecte du deutérium et du tritium, deux isotopes de l’hydrogène. Comme cette réaction demande initialement beaucoup d’énergie, il faut amener les particules à une vitesse suffisante. La température du plasma n’est que le reflet de cette vitesse : on a besoin de monter à environ 150 millions de degrés.