À l’intérieur de l’un des laboratoires les plus profonds du monde, dans une mine de l’Ontario, des physiciens traquent des entités insaisissables: des particules de matière noire. Bien qu’elle représente 25% du contenu de l’Univers, on en ignore encore tout. Comment attrape-t-on l’invisible?
La situation a quelque chose d’ironique. Pour percer les secrets de l’Univers, les physiciens et techniciens du SNOLAB descendent chaque jour 2 km sous terre, loin, très loin du ciel et de ses étoiles. En ce matin pluvieux de juin, je m’apprête à plonger avec eux dans les entrailles de la mine Creighton, à Sudbury, à 400 km au nord de Toronto, où est enfoui ce laboratoire qui est l’un des plus profonds du monde.
Vêtus de combinaisons jaunes ou orange réfléchissantes, de bottes de sécurité et de casques, nous attendons l’heure du départ au côté des mineurs de la compagnie Vale, qui extraient du nickel de cette mine toujours en activité. À 7 h 15 précisément, la porte de l’ascenseur – ou plutôt de la « cage », comme on l’appelle – s’ouvre dans un fracas métallique.
Nous sommes une vingtaine, mineurs, scientifiques – et journaliste – à nous y entasser, épaule contre épaule. La cage brinquebale et descend à toute allure, faisant défiler les parois rocheuses sous nos yeux.