Que cherchez-vous ?

Publicité
16 décembre 2022
Temps de lecture : 2 minutes

COP 15 : les Autochtones veulent être entendus

Image: Peupleloup/Wikimedia Commons

Les peuples autochtones présents à la 15e réunion de la Conférence des parties (COP 15) exigent de ne plus être ignorés au chapitre de la préservation de la biodiversité.

« Les gouvernements doivent comprendre qu’aucune décision ne peut être prise sans inclure les peuples autochtones et les communautés locales dans les discussions », a plaidé Lucy Mulenkei, de l’organisation Indigenous Information Network, représentant le peuple maasaii du Kenya lors d’une conférence à la COP 15 de Montréal.

Des représentants autochtones d’une cinquantaine de pays surveillent le déroulement de l’événement pour s’assurer que leurs voix soient entendues. « Le Canada ne représente pas les intérêts des Autochtones, a déclaré Ta’Kaiya Blaney, une jeune militante de la nation Tla’amin de la Colombie-Britannique devant un auditoire au pavillon du Canada de la COP 15. Nous devons nous battre pour cela. »

Lors de l’International Indigenous Forum on Biodiversity, tenu en marge des négociations, des panélistes autochtones ont fait état de leur situation au Guatemala, au Kenya, au Népal, à la Barbade, aux Philippines…

« En tant que citoyens du monde, nous faisons tous partie de la nature, a dit Lakpa Nuri Sherpa, coprésident de ce forum et responsable du programme Asia Indigenous Peoples Pact. Nous sommes les gardiens de nos terres, de nos territoires et de nos eaux depuis des millénaires et nous avons une profonde interaction avec les écosystèmes dans lesquels nous vivons. Il est prouvé que nos terres sont parmi les plus riches en biodiversité de la planète. »

De nombreux peuples autochtones et communautés locales gèrent et protègent depuis des temps ancestraux leur territoire de manière durable grâce à leurs connaissances de la nature. Par exemple, au Guatemala, le peuple kaqchikel est en mesure de prévenir les agriculteurs de la venue de grandes périodes de sécheresse ou encore de forts vents. Les aînés des Kaqchikel détectent ces signes parfois même plusieurs mois d’avance en observant l’environnement (nid d’oiseaux, racines de maïs, etc.)

Il est crucial que les politiques et initiatives soient respectées et reconnues à la COP 15, selon les panélistes du forum. « La biodiversité a besoin de la voix des peuples autochtones », insiste Joji Cariño, qui représente le peuple ibaloï des Philippines et qui est investie dans le programme Forest Peoples. « Il faut mettre de l’avant nos cultures et nos droits doivent être au cœur du Cadre mondial pour la biodiversité pour assurer des moyens de subsistance et un bien-être durables, ainsi que des résultats positifs pour la biodiversité et le climat », ajoute-t-elle.

Évincés au nom de la biodiversité

Melissa Mollen Dupuis est également responsable de campagne boréale à la Fondation David Suzuki. Photo: Annie Labrecque

Selon un rapport de l’Institut international du développement durable, les territoires habités par les Autochtones sont si bien protégés par ces derniers qu’ils contiennent 80% de la biodiversité restante de la planète.

Pourtant, au nom de la biodiversité, on les évince de leurs terres pour favoriser l’exploitation des ressources et le développement économique. La création d’aires protégées dans une quinzaine de pays a mené à l’éviction de plus 250 000 personnes, de 1990 à 2014, selon un rapport de 2017 de l’organisme Rights and Resources Initiative.

Rencontrée dans les couloirs du Palais des congrès de Montréal, Melissa Mollen Dupuis, une Innue impliquée avec la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs du Canada, salue le gouvernement fédéral, qui a reconnu les aires protégées autochtones avec le Fonds nature. « On réalise que les communautés autochtones étaient absentes des discussions autour des aires protégées. De plus en plus, il semble y avoir une reconnaissance des droits ancestraux », dit-elle.

Elle insiste sur le rôle important des Autochtones dans la protection du territoire canadien. « Les humains en sont les gardiens et les protecteurs », insiste-t-elle. Impliquer les peuples autochtones dans les décisions liées au territoire est incontournable, dit-elle, donnant en contre-exemple le Plan Nord, dévoilé en 2011, au Québec. Elle compare les ressources du Nord à un réfrigérateur. « Les gens du Sud ouvrent la porte du frigo pour obtenir des ressources — la forêt, l’hydroélectricité et les mines — et referment la porte après avoir obtenu ce qu’ils voulaient. Mais les gens qui vivent dans le frigo, eux, sont les premiers à subir les conséquences » de ces activités.

Laissez un commentaire
S’abonner
Notification pour
*Votre courriel ne sera pas affiché publiquement
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Publicité