Illustration: Sophie Benmouyal
La science est formelle : chacun et chacune de nous abrite, en plus de ses milliers de milliards de cellules, quelques cellules étrangères. Loin d’être de simples figurantes, ces voyageuses redéfinissent le « soi ».
Nous l’avons toutes et tous appris à l’école : nous sommes issus d’une seule cellule, dont la moitié des gènes proviennent de notre père et l’autre, de notre mère. Cette cellule se divise, puis ses descendantes se divisent à leur tour, et ainsi de suite, jusqu’à former un être au patrimoine génétique unique – et uniforme. Sauf que ce récit est un peu réducteur : en réalité, nous portons en nous des cellules étrangères, venues d’autres individus. Léguées en douce par la mère, le frère aîné, la grand-mère ou encore un jumeau disparu, ces « intruses » longtemps ignorées participent pourtant pleinement au fonctionnement de notre organisme.
La journaliste scientifique française Lise Barnéoud a enquêté pendant plus d’un an sur ces cellules « microchimériques », qui redéfinissent les notions d’hérédité et d’identité, et font tomber les dogmes de la biologie les uns après les autres. Son ouvrage Les cellules buissonnières , paru à l’automne 2023, raconte l’histoire de leur découverte, en s’appuyant sur des cas aussi perturbants qu’intrigants, et part à la rencontre des rares scientifiques qui les traquent.