Une astucieuse technique de microscopie en met plein la vue aux chercheurs : elle permet d’observer les molécules en pleine action sans les altérer. De quoi repousser les frontières de la science et accélérer la découverte de médicaments, entre autres pour la COVID-19.
« Attendez, je vais tourner la caméra. » Joaquin Ortega, avec qui je parle sur Zoom, me montre son deuxième ordinateur. La qualité de l’image par écrans interposés laisse à désirer, mais les petits amas que pointe le biochimiste se détachent clairement sur le fond grisâtre et granuleux. « Vous voyez ? Ce sont des ribosomes, les machines de la cellule qui fabriquent les protéines, m’explique-t-il avec une pointe d’excitation dans la voix. Le microscope est en train de prendre ces photos en direct. » L’instrument en question, situé dans des locaux de l’Université McGill, est en partie automatisé et peut être manipulé à distance par le chercheur, qui est à son domicile. Une chance en ces temps de pandémie.
Pour l’œil novice, ces petites boules agglutinées pourraient aussi bien être des poussières sur la lentille que des cellules grossies par n’importe quelle loupe un tant soit peu performante. Sauf que des cryomicroscopes électroniques comme celui-ci, il n’en existe qu’une poignée dans le monde. Et ces ribosomes sont en fait 1 000 fois plus petits qu’une cellule.