Dans le dédale de nos souvenirs
Illustration: Wenting Li
Comment les souvenirs s’impriment-ils dans le cerveau ? Où sont-ils stockés ? De nouvelles techniques font littéralement la lumière sur ces questions qui tourmentent la science depuis des siècles.
«Je veux savoir pourquoi je me souviens de tout. Je pense constamment au passé. C’est comme un film qui ne s’arrête jamais. La plupart des gens pensent que c’est un don, mais pour moi c’est un fardeau », écrit Jill Price, une Américaine alors âgée de 34 ans, en juin 2000, aux neurobiologistes de l’université de Californie à Irvine (UCI). Son courriel est un véritable appel à l’aide. Depuis ses 11 ans, Jill se souvient de tous les jours de sa vie. Ce qu’elle faisait le 4 octobre 1982, ce qu’elle portait le 22 mai 1995, le jour où Bing Crosby est mort, la première fois qu’elle a entendu telle chanson ou rencontré telle personne, etc. Le tout, sans effort. Sa mémoire est « continuelle, incontrôlable et automatique », écriront les chercheurs en 2006, dans leur article décrivant ce cas stupéfiant. « Depuis, nous avons identifié une cinquantaine de cas similaires.