Notre rapport avec les animaux commence à changer, affirme Martin Gibert dans son
tout récent essai Voir son steak comme un animal mort ; est-ce un progrès? Pour le
philosophe chargé de cours en éthique et en philosophie du droit à l’Université McGill, cela ne fait aucun doute.
Notre vision des animaux a évolué au fil des siècles. Où en sommes-nous aujourd’hui?
Dans la tradition chrétienne et dans la pensée de René Descartes en particulier, les hommes ont longtemps considéré les animaux comme étant d’une nature différente de la leur, ce qui justifiait notamment qu’ils se les approprient comme des biens. La première grande rupture avec cette façon de voir est venue avec Charles Darwin au XIXe siècle, lorsque ce dernier a démontré qu’il y avait une vraie continuité dans le vivant et aucune différence de nature entre les humains et les autres animaux. Depuis, les découvertes en biologie et en cognition animale n’ont fait que renforcer cette conclusion. Cela n’empêche pas qu’il y ait d’importantes différences entre la cognition humaine et la cognition non humaine, mais cela signifie que, en ce qui concerne les espèces «sentientes» – c’est-à-dire capables de ressentir de la douleur –, on ne devrait plus se comporter comme nos ancêtres du XVIIe siècle.