Bien que nous assistions, depuis quelques décennies, à une « dédogmatisation » de la religion et à une timide réhabilitation, par l’Église catholique, d’éminents savants qu’elle avait honnis ou condamnés, ne nous illusionnons pas : la religion et la science n’ont rien à se dire, estime l’historien des sciences Yves Gingras.
« Il n’y a jamais eu de dialogue entre la science et les religions, mais un divorce, consommé depuis très longtemps », affirme-t-il.
Ce spécialiste de l’histoire des sciences vient de publier un livre brillant et iconoclaste : L’impossible dialogue. Sciences et religions (Éditions du Boréal, 2016). L’ouvrage paraîtra également aux Pres-ses universitaires de France.
Professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences, Yves Gingras est l’auteur de plusieurs autres essais, dont Sociologie des sciences (PUF, 2013) et Controverses. Accords et désaccords en sciences humaines et sociales
(CNRS Éditions, 2014).
Selon vous, parler d’un « dialogue constructif » entre la science et la religion, c’est « un grand leurre ». Pourquoi ?
Depuis les années 1980-1990, nous assistons à un retour en force de l’épineuse question des relations entre science et religion, et à des appels incessants à la reprise d’un « dialogue constructif » entre ces deux domaines totalement antinomiques quant à leurs objectifs et à leurs méthodes.