Dissection: Leçon d’anatomie
En étudiant les squelettes exhumés des anciens cimetières d’hôpitaux ou d’écoles de médecine, des bioarchéologues retracent l’histoire de l’apprentissage de la pratique médicale.
Le repos éternel. C’est ce que les prêtres ont toujours promis à leurs ouailles. Après une vie de labeur et de rudes épreuves, les fidèles pourraient enfin reposer en paix, six pieds sous terre. Et peut-être, s’ils avaient été justes et bons, leur âme monterait-elle au paradis. Or, pour des milliers de fidèles décédés au XVIIIe ou au XIXe siècle en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou ici même au Québec, cette promesse de paix éternelle ne s’est jamais matérialisée. Leur corps avait à peine été enseveli que, la nuit venue, il était déterré.
«À partir du XVIIIe siècle, des “résurrectionnistes” [ body snatchers en anglais] se sont mis à déterrer les cadavres la nuit suivant leur enterrement, alors qu’ils étaient encore “frais”, afin de les vendre aux étudiants avides d’acquérir de nouvelles connaissances en anatomie», raconte Piers Mitchell, professeur à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni.
Tout comme les résurrectionnistes autrefois, le professeur Mitchell déterre aujourd’hui les restes humains de ces malheureux, souvent inhumés, après avoir été disséqués, dans des cimetières d’hôpitaux ou d’écoles de médecine.