Mal de dos, mal de cerveau
La douleur lombaire n’affecte pas seulement le dos. Elle abîme aussi le cerveau. Mais on sait maintenant que ces lésions sont réversibles.
Le plus souvent, les médecins n’en trouvent pas la cause. À une époque où les scanners permettent de visualiser les neurones en action, et où on peut décrypter un bagage génétique entier grâce à une toute petite goutte de salive, la médecine reste bien modeste devant ce grand fléau, le mal de dos. «Après le rhume, c’est la raison la plus courante de consultation», souligne Laura Stone. Son laboratoire du Alan Edwards Centre for Research on Pain, à l’Université McGill, est entièrement dédié à l’étude de la douleur. On y trouve même un tapis d’exercice sur lequel de valeureuses souris s’épuisent pour aider les scientifiques à en comprendre la complexe mécanique.
La douleur lombaire chronique est un vrai handicap. Elle empoisonne l’existence, embrouille le jugement, gruge la patience et peut même causer de la dépression et des troubles anxieux. Mais il y a pis. Les patients sont souvent atteints jusque dans leur cerveau: la matière grise s’amincit, parfois au point d’entraîner des troubles cognitifs.
David Seminowicz, un ancien collègue de Laura Stone, croit que la souffrance finit par être tellement envahissante dans la vie des patients qu’elle accroît l’activité cérébrale dans certaines régions.