En intégrant des conduits microscopiques au cœur du verre de nos écrans, des chercheurs ont développé une interface étonnante.
Ne demandez pas à Jérôme Lapointe de vous montrer son invention. «Elle est invisible, c’est ça l’innovation!» sourit le doctorant en génie physique à Polytechnique Montréal.
Entre ses doigts robustes se trouve une mince plaque de «Gorilla Glass», le verre ultra résistant qui forme l’écran de nos téléphones et tablettes. À l’œil nu, la vitre est parfaitement transparente. Elle renferme pourtant des dizaines de conduits trois fois plus minces qu’un cheveu, lesquels en font une interface étonnamment polyvalente.
Touchez le verre du bout du doigt et obtenez votre température. Déposez-y une goutte de liquide et mesurez son indice de réfraction. Voilà seulement deux des multiples applications rendues possibles par la lumière qui circule dans les conduits appelés guides d’onde. «Ce sont en quelque sorte des circuits où les électrons sont remplacés par des photons», explique Jérôme Lapointe.
Le chercheur de 32 ans s’est intéressé à la physique optique parce qu’il est daltonien. Au cours de ses études, il a d’ailleurs inventé une prothèse oculaire à pupille artificielle qui réagit à la luminosité ambiante. Le résultat est beaucoup plus réaliste que l’œil de verre ordinaire. Mais son grand rêve, c’est la conception d’ordinateurs-écrans transparents, semblables à ceux des films de science-fiction.