Un nouveau radiotraceur permet enfin de suivre la perte de neurones due à la maladie d’Alzheimer et de valider l’efficacité des traitements chez les patients vivants.
«Les premiers clichés de mon cerveau étaient fantastiques, tout en couleur », se rappelle Marc-André Bédard. Le professeur au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal a été le cobaye de ses propres expériences : il s’est injecté un composé développé par son équipe, puis s’est allongé sur la table mobile du scanner pour qu’on scrute son cerveau.
Le composé en question combine une molécule qui peut se fixer à certains neurones – le fluoroéthoxybenzovesamicol (FEOBV) – et un radio-isotope qui émet des rayonnements que la tomographie par émission de positons (TEP) peut détecter. Le but: repérer les zones « détruites » par la maladie d’Alzheimer, et quantifier les dégâts.
L’idée d’exploiter la molécule FEOBV pour traquer l’alzheimer a germé en 1998. À cette époque, Marc-André Bédard et son collègue Jean-Paul Soucy, médecin et directeur de l’unité TEP de l’Institut neurologique de Montréal, ont eu vent que des chercheurs du Michigan avaient créé une première version du FEOBV pour imager les neurones cholinergiques, un type de neurones qui produit un neurotransmetteur appelé acétylcholine. Le FEOBV se fixe justement à une protéine qui assure le transport de l’acétylcholine, au sein de ces neurones.