Le doctorant Peter Crockford a analysé l’oxygène séquestré dans la roche il y a 1,4 milliard d’années. Photo: Ichiko Sugiyama
Il y a des lustres, la Terre s’est endormie pendant un milliard d’années. On vient de démontrer que la vie y a alors perdu des plumes.
L’équipe de Galen Halverson se passionne pour l’une des périodes les moins palpitantes de l’histoire de la Terre ; on la surnomme le « milliard ennuyeux ».
« C’est une longue “pause” qui a duré de 1,8 milliard d’années à 0,8 milliard d’années avant aujourd’hui, explique le géologue dans son bureau de l’Université McGill. Les archives géologiques montrent que, pendant cette pause, une étonnante stabilité régnait : environnementale, évolutive, tectonique, climatique… La Terre s’est pour ainsi dire figée. C’est un des grands mystères de la géologie. »
Pour en apprendre un peu plus sur ce pan de l’histoire terrestre, ses collègues et lui ont étudié une formation rocheuse constituée par l’accumulation de sédiments au fond d’un lac, à présent asséché, pendant cette époque « ennuyeuse ». Elle se trouve au cœur de l’Ontario, dans une unité géologique appelée Sibley, près de Thunder Bay, sur la rive nord du lac Supérieur. Les couches sédimentaires qui la composent contiennent des sulfates.
Analyses inédites
Que nous apprennent ces minéraux ? « Lorsqu’ils se sont formés, les sulfates de Sibley ont séquestré un échantillon de l’oxygène qui se trouvait dans l’atmosphère de la Terre il y a 1,4 milliard d’années, raconte le chercheur.