Rajendhran Rajakumar, Marie-Julie Favé et le professeur Ehab Abouheif, réunis dans le laboratoire où ils ont fait leur découverte. Photo: Donald Robitaille
Un «organe» éphémère chez des larves de fourmis était perçu comme un vestige de l’évolution. C’est tout le contraire, a montré une équipe. La recherche médicale pourra s’en inspirer.
Dans un plat en plastique au pavillon Stewart des sciences biologiques de l’Université McGill, une colonie de fourmis… fourmille !
Le mouvement est étourdissant, mais l’œil perçoit rapidement que deux types de travailleuses cohabitent : les ouvrières et les soldates. Contrairement à la reine et aux mâles, aucune ne possède d’ailes. Mais les soldates se démarquent des ouvrières par leur plus grande taille et leur tête disproportionnée.
Cette grosse tête permet aux soldates d’assurer la défense du groupe (les mandibules en jettent !) et explique le succès des quelque 1 000 espèces du genre Pheidole à travers le monde.
Une différence plus subtile existe chez les larves qui végètent dans ce même contenant. Chez celles qui deviendront soldates, une tache est visible sur le dos à un moment précis de leur développement. Cet organe, appelé « disque imaginal de l’aile », représente le « bourgeon » des ailes chez les mâles et les reines. Mais chez les soldates, il finit par disparaître et ne sert à rien… sinon à aider les scientifiques à différencier les larves !