Richard Cloutier pose à côté des morceaux du fossile Elpistostege watsoni. Image: Robert Baronet/JDHP Inc.
L’analyse minutieuse des nageoires d’un fossile mis au jour en Gaspésie permet de faire la lumière sur une période critique de l’histoire de l’évolution.
Certaines découvertes changent le cours d’une vie. Pour Richard Cloutier, professeur à l’Université du Québec à Rimouski, celle d’un « poisson-qui-n’en-est-pas-un », sur la côte sud de la péninsule gaspésienne en août 2010 , s’inscrit dans cette catégorie. Ce jour-là, des employés du parc national de Miguasha tombent par hasard sur des restes enfouis dans une strate de roche sédimentaire de la formation d’Escuminac, un important site fossilifère. On établira que le fossile, long de 1,57 m et bien conservé, est celui d’un animal aquatique ayant vécu au Dévonien, il y a environ 375 millions d’années : Elpistostege watsoni .
« C’était inespéré : la communauté scientifique espérait depuis des décennies la mise au jour d’un spécimen complet d’ Elpi , raconte le paléontologue. Depuis, nous allons de surprise en surprise à propos de ce poisson… euh, non, de ce tétrapode. » C’est que les apparences sont trompeuses : avec ses fortes nageoires pectorales et pelviennes, son corps allongé recouvert d’écailles et ses branchies, l’animal ressemble effectivement à un poisson. Pourtant, bien cachés dans ses nageoires se trouvent des osselets dont l’organisation évoque des doigts comparables aux nôtres , une caractéristique phare qui distingue les tétrapodes des autres vertébrés.