Louis Taillefer et Gaël Grissonnanche. Image: Martin Blache, Université de Sherbrooke
Le monde quantique est un peu moins mystérieux : des chercheurs ont mesuré pour la première fois une limite fondamentale que les électrons semblent obligés de respecter.
Tallahassee, Floride. Tout près du campus de l’Université d’État de Floride, un bâtiment ordinaire abrite une installation extraordinaire : le National High Magnetic Field Laboratory. Le MagLab, pour les intimes, peut générer le champ magnétique continu le plus puissant sur Terre. Gaël Grissonnanche est un habitué des lieux : « On peut y travailler avec un champ de 45 teslas pendant plusieurs heures, détaille-t-il. C’est environ un million de fois le champ magnétique terrestre. » Grâce à cette machine, le physicien a réussi à mesurer ce qui semble être une nouvelle limite fondamentale de la matière : des électrons qui s’entrechoquent dans un matériau ne peuvent pas le faire à une cadence plus élevée qu’une certaine limite, et cette limite ne dépend pas des propriétés du matériau.
Tout commence à l’Université de Sherbrooke, il y a quelques années. Gaël Grissonnanche réalise alors son projet postdoctoral sous la supervision de Louis Taillefer, une pointure du monde de la physique quantique. « On s’intéresse à des matériaux appelés “métaux étranges”, explique le professeur. Ce sont des assemblages de différents éléments réalisés en laboratoire ; ils n’existent pas dans la nature. »