L’équipe du laboratoire de Sébastien Rodrigue au Département de biologie de l’Université de Sherbrooke.
Une équipe de l’Université de Sherbrooke a éradiqué des bactéries intestinales nocives à l’aide de « bonnes » bactéries armées de couteaux génétiques. Une parade aux antibiotiques ?
Dans la guerre contre les infections intestinales, toutes les stratégies sont bonnes, même les plus sournoises. Celle mise au point par l’équipe de Sébastien Rodrigue, de l’Université de Sherbrooke, a tout pour réussir. Elle consiste à pirater les armes des bactéries pour les retourner contre elles.
Les biologistes ont tiré profit d’une des grandes forces du monde microbien : l’échange de gènes. En effet, les bactéries s’échangent constamment de petits bouts d’ADN, appelés plasmides. « Ce mécanisme permet par exemple aux gènes de résistance aux antibiotiques de se répandre entre bactéries de tous genres, précise Sébastien Rodrigue. Mais on l’a détourné pour répandre un gène qui nuit spécifiquement aux bactéries pathogènes. »
L’idée : déployer dans l’intestin de « bonnes » bactéries équipées d’un plasmide-couteau génétique ( le fameux CRISPR ). Ce dernier pénètre dans les « mauvaises » bactéries et cisaille leur ADN.

Observation de souches de la bactérie Escherichia coli exprimant une protéine fluorescente.
En pratique, il a tout de même fallu ruser pour que ces agents doubles parviennent à insérer leurs bistouris dans une population de bactéries infectieuses jusqu’à 1000 fois plus abondante.