Philippe Archambault (à gauche) et un collègue récupèrent des sédiments marins à bord de l’Amundsen dans la mer de Baffin. Photo: Cindy Grant
Dans les eaux peu profondes des rives de l’Arctique, les algues, petites et grandes, produisent beaucoup plus de biomasse que ce que l’on estimait. Une information cruciale, dans cet écosystème qui se réchauffe.
Dans un fjord encaissé de l’Arctique canadien, en plein été boréal, l’ Amundsen avance très lentement. Le célèbre brise-glace de la Garde-côtière canadienne, tout équipé pour la recherche scientifique, ne doit pas accrocher le fond. « Dans ces moments-là, quand on est près de la côte et que le fond est à moins de 25 mètres sous le navire, le capitaine est bien stressé, raconte en souriant Philippe Archambault. Il progresse tout doucement pour éviter les surprises. »
Et c’est un handicap pour la recherche, déplore le professeur au Département de biologie de l’Université Laval et directeur scientifique d’ArcticNet, le réseau international de recherche sur l’Arctique. « Les navires de recherche océanographiques [de tous les pays] sont trop volumineux pour s’aventurer dans les zones côtières peu profondes et y recueillir des données. On connaissait donc très mal ces zones. » Une situation qui frustrait également ses collègues des autres pays côtiers du Grand Nord !
À cause de cela, on considérait que la photosynthèse marine nordique était surtout le fait du phytoplancton et des algues qui croissent sous la glace flottante, tous faciles à observer au large.