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04 janvier 2018
Temps de lecture : 4 minutes

Mémoire infidèle : peut-on effacer nos souvenirs?

Illustration: Wenting Li

Et si c’était la nature même de la mémoire d’être incertaine et malléable à merci ? Une instabilité que l’on commence à exploiter pour soigner certains troubles psychiques.

Un meuble à tiroirs. Un album photo poussiéreux. Une bibliothèque où chaque livre est un souvenir. C’est souvent en ces termes que l’on imagine notre mémoire : gardienne fidèle du passé, elle conserve précieusement les événements qui constituent notre histoire et notre identité. « Cette image est totalement fausse, lance d’emblée Signy Sheldon, professeure de psychologie à l’Université McGill. D’abord, il n’y a pas un endroit unique dans le cerveau qui corresponde à un souvenir donné. Ensuite, la mémoire est quelque chose qu’on construit en direct. Chaque fois qu’on se rappelle un souvenir, il devient sujet à interprétation. »

Au risque de décevoir les nostalgiques, la mémoire est donc instable par nature. « Le fait même de se souvenir de quelque chose rend le souvenir en question labile, fragile, vulnérable aux interférences », explique Karim Nader, professeur de neurosciences comportementales, dans son bureau de l’Université McGill. C’est lui qui a découvert et révélé cette propriété perturbante de la mémoire, dans une étude publiée en 2000 qui a fait l’effet d’une bombe auprès des neuroscientifiques.

« À l’époque, l’idée était que, lorsqu’un souvenir est inscrit dans le cerveau, il n’est jamais modifié », dit-il.

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