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Les villes du futur seront-elles capables de tirer des leçons de la période pandémique?
La pandémie a révélé les failles de certaines villes en matière de technologies. Comment faire plus et mieux, advenant une autre crise? Cette interrogation était au cœur de la conférence La ville post-pandémie : vers une ville plus intelligente ? organisée dans le cadre de l’événement MTL Connecte, qui se déroulait le 15 octobre dernier.
Bien avant la COVID-19, des événements étaient organisés pour partager les connaissances technologiques entre les villes, a rappelé André Labonté, consultant indépendant en informatique. Il a déjà été impliqué auprès du Réseau de l’informatique municipale du Québec, une organisation qui soutient ces échanges. Car malgré les efforts, la « maturité » technologique varie d’une ville à l’autre.
Il a cité en exemple la capacité de déployer le travail à distance pour les employés municipaux. « Pendant la pandémie, des villes qui avaient les moyens financiers ont pu rapidement s’adapter en mettant en place des moyens de télécommunication et en fournissant des ordinateurs et des réseaux VPN [réseau privé virtuel] pour les employés. Mais cela a été plus laborieux pour d’autres villes », constatait André Labonté.
Il a raconté que si les municipalités possèdent déjà des plans d’intervention en cas de catastrophes, comme un feu de forêt ou une inondation, plusieurs n’étaient pas prêtes à basculer dans le tout-virtuel imposé par les épisodes de confinement.
Les leçons de la pandémie
Tout comme les professionnels de la santé qui ont adopté la télémédecine et les restaurateurs qui ont intégré les plateformes de livraison, les municipalités pourrait utiliser la crise comme tremplin afin de développer et d’accélérer des transformations déjà entamées.
Les panélistes présents à cette conférence, dont Tony Buu directeur général – stratégie technologique chez Telus Affaires, s’accordent pour dire que la connectivité est la clé des villes futures. « Elle est au cœur de nos besoins », affirme M. Buu. Chacun d’entre nous l’a réalisé : l’accès à Internet a été primordial pour travailler ou étudier, prendre son rendez-vous de vaccination ou accéder à divers services. Quatre Canadiens sur 10 auraient ainsi augmenté leurs dépenses reliées à une connexion web et on a observé une hausse entre 30 à 60% de l’utilisation d’Internet.
La pandémie a aussi dévoilé un problème flagrant : le manque d’interopérabilité des technologies, c’est-à-dire l’incompatibilité entre les différents systèmes informatiques dans la ville. Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville, un organisme de la Société de développement commercial de Montréal, a souligné à quel point cet état de fait a compliqué les choses. « Au début de l’année 2021, alors qu’il y avait le couvre-feu et que tout était fermé, nos capteurs nous signalaient qu’il y avait pourtant un fort volume d’achalandage au centre-ville. Or, il nous était impossible de savoir pourquoi. D’où venaient ces gens? Pourquoi étaient-ils là? Que faisaient-ils? D’où venaient-ils? Nous n’en savions rien. Et pourtant, ces données existent, mais il était impossible de les mettre facilement en commun », a-t-il illustré.
La mise en commun des données provenant de différents acteurs (par exemple, des capteurs qui mesurent la circulation en temps réel ou l’occupation des stationnements publics) permettrait d’être proactif en matière de service. « Si l’on sait qu’à tel moment il y a un pic d’achalandage à tel endroit, on peut s’assurer de la propreté et de l’aspect sécuritaire des lieux et veiller à ce que les transports en commun soient capables de répondre à la demande au lieu d’être en réaction », ajoute-t-il. L’une des manières de régler ce problème d’interopérabilité serait « l’adoption universelle de réseaux infonuagiques et de standards de réseaux 5G » selon Tony Buu, mais aussi de recourir davantage aux solutions open source pour des plateformes informatiques.
Les conférenciers s’accordent également pour dire que l’intelligence artificielle (IA) sera utile pour le futur des villes. M. Castanheira mentionne en effet que l’IA aidera à évaluer si un environnement citadin répond bel et bien aux besoins du quartier. « Est-ce qu’il manque une école ou une garderie? Doit-il y a avoir un investissement dans les transports en commun? », a-t-il donné en exemple.
Bien que le centre-ville de Montréal ait été délaissé pendant une certaine période, celui-ci reprend vie, petit à petit, parce qu’il est à la fois un pôle économique et touristique important, mais aussi parce qu’il abrite des universités et plusieurs lieux culturels. Cette diversité reste une grande force.