Prise d’écran de la cérémonie Ig Nobel diffusée sur YouTube.
Dix nouveaux prix Ig Nobel ont été décernés à des scientifiques pour leurs recherches souvent farfelues, mais qui suscitent toujours la réflexion. Voici nos coups de cœur!
La cérémonie annuelle des prix Ig Nobel est un rendez-vous pour le moins divertissant! Cette 34e remise de prix a été entrecoupée de lancers d’avions en papier, ou encore par une mini compétition d’opéra sur le thème de la loi de Murphy, où tous les candidats et candidates ont été déclarés perdants.
Le clou de la soirée reste cependant les scientifiques primés et leurs recherches « qui font sourire puis réfléchir. »
Prix de la paix : des pigeons et des missiles
Peut-on confier la trajectoire de missiles à des pigeons qui sont placés à l’intérieur? L’idée, aussi absurde qu’elle puisse paraître, a été sérieusement étudiée dans les années 1940. Elle avait été proposée par un psychologue américain pour un programme de recherche pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans surprise, l’idée n’a pas été retenue. Le psychologue en question, B. F. Skinner, qui a détaillé l’approche dans un article paru en 1960, a toutefois reçu le prix Ig Nobel de la paix à titre posthume.
Prix de botanique : vraie ou fausse, cette plante?
La Boquila trifoliolata, une plante d’Amérique du Sud, peut imiter l’apparence des feuilles d’une plante artificielle placée à proximité. Ce phénomène a intrigué les scientifiques, qui se sont demandé comment la plante peut « voir » et reproduire la forme et la texture d’une plante artificielle. Et à quoi cela peut-il bien lui servir? À suivre!
Prix d’anatomie : le sens de rotation des cheveux
Un groupe de scientifiques français et chiliens a voulu vérifier si les cheveux des personnes de l’hémisphère Nord s’enroulent dans le même sens que dans l’hémisphère Sud. Bref, notre situation géographique influence-t-elle le sens, horaire ou antihoraire, dans lequel s’enroulent nos cheveux?
Selon leurs observations, les cheveux semblent s’enrouler plus souvent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Sud, probablement pour des raisons génétiques. L’un des signataires a reconnu avec humour que son étude manque de pertinence, mais a dit être « convaincu que le décryptage des formes dans la nature peut nous faire découvrir des mécanismes fondamentaux. »
Prix de physiologie : respirer… par le derrière?
Des scientifiques japonais et américains ont fait une découverte étonnante : certains mammifères peuvent « respirer par le rectum ». Oui, vous avez bien lu! Il ne s’agit cependant pas d’une respiration comme celle qui a lieu dans les poumons, mais d’une simple absorption d’oxygène.
Leur expérience, menée sur des rongeurs et des cochons, a montré que ces animaux peuvent absorber de l’oxygène sous forme liquide (ce liquide est habituellement utilisé pour la respiration pulmonaire artificielle). On précise ici que la respiration ne peut pas s’effectuer uniquement par-là! Mais l’approche pourrait être utile dans le cadre des soins intensifs, en cas d’atteinte pulmonaire grave par la COVID-19 par exemple.
En fait, si la très grande majorité des cellules de mammifères obtiennent leur oxygène par le sang, lui-même oxygéné dans les poumons, quelques cellules peuvent recevoir une partie de leur oxygène par diffusion passive. Parmi ces cellules, on retrouve celles situées dans la région externe de la peau et celles situées dans la cornée.
Prix de probabilité : pile ou face?
Ces scientifiques européens avaient assurément beaucoup de patience : ils ont réalisé 350 757 lancers de pièces de monnaie pour montrer que celles-ci ont tendance à retomber du même côté que leur position de départ. Pour cette étude, 48 personnes, la plupart étudiantes, ont lancé des pièces de 44 devises différentes.
Prix de chimie : des vers ivres
On ignore ce qui a incité une équipe de scientifiques néerlandais et français à examiner la chose. Elle a utilisé la chromatographie, une technique servant habituellement à séparer les composants chimiques d’un mélange, pour séparer des vers vivants (Tubifex tubifex). Ces vers servaient de modèles de polymères, et étaient plus ou moins actifs. Il faut dire que certains étaient saouls (imbibés d’éthanol) et d’autres non! On ne s’étonnera guère que les vers saouls aient eu beaucoup plus de difficulté à migrer que les autres vers.