Je n’étais pas prêt pour le goanna. La veille, au parc national Ben Boyd, sur la côte australienne à 380 km de Sydney, mon voisin m’avait parlé d’un lézard géant qui vivait alentour, mais je ne lui avais pas prêté attention. Et pour cause, pendant qu’il me vantait les mérites de la faune locale, j’observais derrière lui un petit groupe de kangourous qui venaient d’apparaître dans la clairière. Ils étaient sept ou huit, et s’étaient mis à brouter paisiblement sans manifester la moindre gêne.
« Et eux, dis-je, ils vont aller jusqu’où ? »
« Oh, ceux-là ? Dans 10 minutes, ils seront autour de nos camping-cars. Ils vont ratisser le secteur et progresser vers l’est, avec le soleil dans le dos. Ce sont des habitués; il faut seulement se garder de les nourrir parce qu’ils pourraient ensuite revenir quémander et devenir agressifs si on ne leur donne rien. »
Quelques jours plus tôt, en randonnée dans un autre grand parc national, j’étais tombé sur trois kangourous gris de l’est, apparemment tout à fait sauvages. Je suivais un sentier le long d’une rivière et ils étaient apparus dans une trouée d’herbes, tête dressée, en alerte. Pendant de longues minutes, je n’avais pas bougé du tout. Puis, lentement, j’avais sorti mon appareil photo; j’avais eu le temps de bien les observer et de prendre plusieurs clichés.