Miriam Cohen élargit la notion de réparation pour les victimes de crimes internationaux, comme les génocides et les crimes de guerre.
Dans la jeune histoire de la justice internationale, les procès de Nuremberg et de Tokyo, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sont fondateurs. Pour les premières fois, des condamnations pour crimes contre l’humanité sont prononcées. Or, fait peu connu, les victimes survivantes des criminels de guerre n’ont pas obtenu d’indemnisation pour les atrocités subies. Et pour cause : les statuts de ces tribunaux ne le prévoyaient tout simplement pas. Même chose pour le génocide des Tutsis au Rwanda et les guerres de Yougoslavie ; impossible pour les victimes d’amorcer une procédure pour exiger une forme de « réparation ».
Il faut attendre la création de la Cour pénale internationale (CPI), au tournant des années 2000, pour que cela devienne envisageable. Du moins, en principe. « Les premières décisions sur les demandes de réparation des victimes sont récentes [en 2012, dans l’affaire Thomas Lubanga Dyilo, déclaré coupable d’avoir enrôlé et conscrit des enfants en République démocratique du Congo]. En justice pénale internationale, il n’y avait pas de précédents et, donc, il fallait opérationnaliser la chose », raconte Miriam Cohen, professeure agrégée à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.