Photo: Jean-François Hamelin
Les « savoirs traditionnels » suscitent la méfiance, puisqu’ils ne sont pas validés scientifiquement. Des autochtones expliquent leur nature et leur pertinence pour la protection du territoire.
Jimmy Papatie arrête sa camionnette dans un paysage désolant. Tout autour de la montagne, les arbres ont été coupés ; la ligne est encore bien franche, même si la coupe date d’il y a plusieurs années. L’ombre se fait rare ; nous en aurions pourtant besoin en cette journée anormalement chaude de septembre. Seul un immense pin gris se tient debout. « Les forestières appellent ça un semencier. Mais il va mourir », lâche l’Anichinabé quinquagénaire, sur le ton de celui qui ne doute pas.
Il est le directeur des ressources naturelles de Kitcisakik, une communauté située dans la partie nord de la réserve faunique La Vérendrye et qui vit toujours sur son territoire ancestral de quelque 6 000 km2. Depuis 1998, en raison d’une entente spéciale, ses membres sont consultés par le gouvernement du Québec pour la réalisation des plans d’exploitation forestière. « On lui dit par exemple de ne pas couper le top des montagnes parce que l’orignal en a besoin durant l’hiver : il y a moins de neige. »