Cet étrange organisme est Thiomargarita magnifica. La base du filament est fixée très solidement au substrat. Le tube lisse constitue une seule cellule. À l’extrémité, on aperçoit les cellules filles qui se sépareront bientôt. Image: Jean-Marie Volland
Visible à l’œil nu, étonnamment complexe, Thiomargarita magnifica est la plus grosse bactérie connue. Sa découverte récente ébranle les dogmes de la microbiologie.
Avec pour tout équipement un maillot, un masque de plongée, un tuba et de vieilles chaussures, le professeur de microbiologie marine Olivier Gros plonge régulièrement dans la mangrove en Guadeloupe. « J’y passe des heures, tranquille, à observer l’écosystème. Ça me repose de mes collègues ! dit en plaisantant le chercheur à l’Université des Antilles. L’avantage, ici, c’est qu’il n’y a aucun animal dangereux : pas de caïmans, de serpents, de requins ni de méduses… » Il ne craint que les huîtres, qui sont « très tranchantes ».
C’est là, à 20 minutes de bateau de son laboratoire, dans moins d’un mètre d’eau, qu’il aperçoit la première fois des filaments blancs mesurant d’un à deux centimètres, fixés à des feuilles submergées, en 2005. Il en prélève quelques-uns, « par curiosité ». De retour à Pointe-à-Pitre, capitale économique du département d’outre-mer français, il observe les créatures au microscope photonique, puis au microscope électronique. Il constate que leur surface est lisse, dépourvue de bactéries associées. Il croit alors avoir affaire à un champignon ou à un organisme « un peu bizarre, mais eucaryotes, vu sa taille ». Toutefois, lorsque l’équipe commence à examiner plus finement la structure de l’organisme : surprise !