J’avais 20 ans lorsque la petite ville de Lebel-sur-Quévillon est apparue sur la carte. L’expression «petite ville» est bien choisie. Dans le Nord, considérant l’immensité du ciel, la grandeur des forêts, la majesté des rivières et la longueur des routes, tout est petit qui est humain.
Il y a un demi-siècle, en 1960, aux alentours du lac Quévillon, un beau lac du Nord parmi les beaux lacs du Nord, situé à plus de 100 km au-delà de Senneterre, un grand bûcheron devant l’éternel, Jean-Baptiste Lebel, rêvait d’exploiter les forêts vierges de l’Abitibi. Il voyait des moulins à scie et des moulins à papier, il imaginait des coupes de bois dans cet océan d’épinettes boréales, ces arbres jusque-là qualifiés d’espèces «non commerciales» par les experts. Son rêve s’est finalement réalisé, donnant naissance à une petite ville nommée en son honneur, comme en l’honneur du beau lac, Lebel-sur-Quévillon. Petit plan Nord du temps de l’Expo 67.
Il y a un mois, j’étais à Chibougamau pour donner une conférence sur l’histoire du Nord, et sur son importance aussi. Le colloque réunissait des fonctionnaires de Chapais, de Chibougamau même, de Lebel-sur-Quévillon, de Matagami et de Radisson. Dans la salle, parmi la soixantaine de personnes présentes, il y avait au moins six participants d’origine sénégalaise. Cela faisait écho à une autre conférence que je venais de donner à Regina.