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22 septembre 2015
Temps de lecture : 3 minutes

Le dentiste du lion

Photo: Andrew Loveridge/ Wildlife conservation unit

L?idée de pureté est une idée curieuse. Elle suppose une discrimination entre le pur et l?impur, entre le net et le moins net. Lorsque nous pensons protéger une nature vierge, nous la supposons intouchée, inaltérée, pure comme de l?eau de roche.  En principe,
il ne faudrait pas y poser le pied puisque nous avons le pied aussi sale que la main. Dès lors, cette nature vierge demeurerait inaccessible à jamais, puisque le seul fait d?y pénétrer pour mieux la contempler constitue un viol, une prise de virginité.

Les Américains ont un mot pour désigner les espaces sauvages : wilderness . Ils ont aussi la manière. Au XIXe siècle, ils ont développé leurs parcs nationaux en considérant qu?il fallait protéger ces territoires chastes de l?industrialisation et de la patte de l?homme. En réalité, il s?agissait de mettre de côté des réserves de paradis luxuriants pour le bénéfice des élites et des privilégiés, bien sûr au détriment des classes populaires et des couches inférieures de l?humanité. La nature pure exclut les humains cachés dans ses broussailles; seuls les anges fréquentent le paradis.

La wilderness américaine a même son icône : Theodore Roosevelt. Le président était un chasseur compulsif, tout comme ce dentiste qui a tué récemment au Zimbabwe un lion intouchable. Pouvoir se payer la tête d?un lion, cela indique bien le statut de l?ultra-prédateur.

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