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L’historien Jean Provencher est mon ami. Il est d’usage, au monde des amis, de s’enrichir les uns les autres, de partager ses passions et coups de cœur, de se relancer pour le mieux et, surtout, de travailler de concert à la bonne suite du monde. Ce qui suit découle d’une piste que l’auteur de Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent m’a récemment suggérée.
Depuis plusieurs années déjà, je m’intéresse aux francophones qui ont fait et parcouru une certaine Amérique et nous savons que la ville de Saint-Louis, dans l’État du Missouri, fut un centre important de leurs étonnantes entreprises. De 1760 à 1860, ils furent nombreux à vivre et à parler en français à Sainte-Geneviève, Saint-Charles, Saint-Joseph, Saint-Joachim, Florissant, toutes des paroisses sises dans les parages de Saint-Louis. Comment ne pas s’émerveiller devant l’ampleur des rêves et des courses de ces milliers d’anciens Canadiens français ? Ils furent à Saint-Paul au Minnesota, une ville fondée par Vital Guérin ; ils furent dans les monts aux Arcs (Ozarks) jusqu’à la prairie du Chien, dans le Wisconsin, et jusqu’à la Lèche-Française (Nashville) de Timothée Boucher, et la liste n’en finit plus. Le français parlé de ces coureurs de continent n’était pas celui de Voltaire, mais il devait ressembler à celui de Montaigne.