À Deline, sur les rives de l’immense lac Sahtu, les Tlichos (Côtes-de-Chien) pêchaient des ciscos durant toute l’année, une tradition vieille de plusieurs millénaires.
À l’embouchure de ses rivières, il y avait en effet des endroits où l’eau ne gelait pas en hiver en raison des forts courants. Les familles dénés aimaient bien s’y regrouper pour faire bonne réserve de ciscos, ces petits salmonidés cousins du corégone, poissons des profondeurs et de l’eau froide.
Sur la rive sud-est du lac Sahtu, les nomades tlichos croisaient parfois des T’atsaot’ine (Couteaux-jaunes) du Grand lac des Esclaves, venus par la vieille piste Idaà pour chasser et pêcher eux aussi. Dans la langue des Esclaves (Slavey), « sahtu » désigne l’ours brun ( Ursus arctos ) que les Américains et les Anglais ont curieusement appelé « grizzly ».
C’est l’explorateur Alexander Mackenzie qui, traduisant du déné, aurait nommé le lac Sahtu « Great Bear Lake ». Il s’agit d’un plan d’eau géant, situé dans les Territoires du Nord-Ouest : 325 km de long, 200 km de large, véritable mer intérieure qui se classe parmi les 10 plus grands lacs du monde. Avec ses 400 m de profondeur par endroits, l’eau y est extrêmement froide, on l’imagine bien.
Tellement froide, en vérité, et si pauvre en nourriture, que seulement 16 espèces de poissons s’y trouvent. Toutes mangent les malheureux ciscos.