Black Canadian studies: l’histoire et le vécu des Noirs
Si l’on se fie aux textes historiques, James McGill était un pionnier, un visionnaire ouvert aux idées nouvelles et soucieux du bien-être des autres. Cet ambitieux Écossais d’origine a fait fortune dans la traite des fourrures, la spéculation foncière et le commerce. Grand amoureux de sa ville d’adoption, Montréal, il a légué à sa mort, en 1813, 46 acres et 10 000 livres sterling pour qu’un collège voie le jour et porte son nom. Grâce à lui, l’Université McGill a été fondée huit ans plus tard ; son bicentenaire sera d’ailleurs fêté en 2021.
Plusieurs n’ont pas du tout envie de célébrer la mémoire du philanthrope. Mais déboulonner sa statue, érigée sur le campus lors du 175e anniversaire de l’établissement, ça, peut-être !
James McGill doit d’ailleurs se retourner dans sa tombe : deux chercheuses postdoctorales ont entrepris une enquête sur son passé pour le compte du vice-principal exécutif de l’Université. Car on sait déjà que M. McGill a possédé des esclaves − cinq Noirs et deux enfants autochtones − et a participé à au moins deux transactions d’êtres humains au Canada, en plus de faire le commerce de denrées venant des colonies des îles du Sud, comme de la mélasse, du rhum et du tabac, explique Joana Joachim, l’une des deux chercheuses.