
Illustration: Frefon
Qu’est-ce qui pousse des hommes malheureux à commettre ce crime innommable? Peut-on prévenir de tels drames?
Nous sommes devant l’innommable: un père exemplaire tue ses enfants à coups de couteau, puis tente de se suicider. Cette nouvelle, qui a fait la manchette des médias québécois durant un long procès ces dernières semaines, nous laisse pantois. Elle nous atteint, nous secoue, nous trouble. Comment peut-on en arriver à poser un tel geste?
La recherche épidémiologique et étiologique sur le sujet n’abonde pas, mais il s’en dégage un consensus assez fort quant à un profil qui serait commun à ces pères. On les appelle des «exterminateurs familiaux» (family annihilators).
Ce sont des hommes d’âge mûr, de bons pourvoyeurs et, pour les voisins, des pères dévoués et des maris aimants. Cette image impeccable cache souvent un sentiment persistant d’incompétence et d’inconfort social. On les décrit comme des êtres plutôt isolés, comptant peu d’amis. La famille constitue donc l’essentiel de leur réseau de soutien, leur bouée sociale et affective, leur seul lieu d’investissement émotionnel. Elle devient une extension d’eux-mêmes. Lorsqu’arrive une séparation, un divorce, une infidélité, ils se sentent amputés d’une partie d’eux-mêmes. Viscéralement. La blessure est totale. Comme ils ne savent pas faire la différence entre eux et leurs enfants, leur détresse devient alors la leur.