María Juliana Angarita s’intéresse à la construction du patrimoine dans la foulée du conflit armé colombien, qui a laissé de douloureuses cicatrices dans son pays natal.
Une guérilla meurtrière de plus d’un demi-siècle laisse forcément des traces dans la mémoire de ceux et celles qui y ont survécu. En Colombie, cet enjeu se fait plus que jamais sentir depuis la signature en 2016 d’un accord de paix entre le gouvernement et les forces armées révolutionnaires du pays. Cette nation sud-américaine de 50 millions d’habitants panse désormais ses blessures et tente de tourner la page sur cette période trouble de son histoire. Hélas, les récits et les pratiques commémoratives aussi bien citoyennes qu’officielles sont paradoxalement la source de nouvelles frictions, quoique bien plus subtiles.
« La construction de la paix donne lieu à des luttes pour la mémoire. C’est vrai en Colombie comme ailleurs : la patrimonialisation de la violence [processus par lequel celle-ci se transforme en objet du patrimoine] cristallise la manière dont une nation raconte son histoire, ce qui est, en fin de compte, assez politique », explique María Juliana Angarita, doctorante en muséologie, médiation et patrimoine à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).