Photo: Sentinel Project
Sur une carte satellite, il est facile de repérer la vallée du fleuve Tana: un long trait vert au milieu de la terre ocre de l’est du Kenya. Pourtant, sa dernière portion avant d’arriver à l’océan Indien est nettement isolée du reste du pays sur le plan des infrastructures routières, mais aussi sur le plan social. Un véritable coin perdu, oublié.
Si bien que le delta du Tana est dépourvu de médias locaux sérieux. Même le journal national y arrive en retard! L’information se transmet donc d’une personne à l’autre, avec tout ce que le «téléphone arabe» génère comme distorsion… Un phénomène qui ne manque pas d’attiser les tensions entre les Pokomo et les Orma, deux groupes ethniques de la région, qui ont connu des épisodes sanglants au cours des dernières années.
«Si une personne disparaît dans un village, la rumeur voudra que ce soit cinq personnes une fois que l’information sera relayée dans la localité suivante», illustre Christine Mutisya, diplômée en mathématiques et en développement international, et chargée de projet pour l’initiative Una Hakika.
Una hakika signifie «es-tu certain?» en swahili, la langue nationale du pays. Il s’agit d’un projet mis sur pied par The Sentinel Project, une organisation non gouvernementale (ONG) canadienne qui souhaite que la population se questionne davantage avant de croire aux nombreux ouï-dire causant insécurité et violence.