Vous avez quelques millions à dépenser? Si vous êtes de ces nouveaux écolos philanthropes, vous rêvez sans doute de les utiliser pour protéger l’habitat d’espèces en danger, comme la salamandre à quatre orteils, la grive de Bicknell ou la paruline azurée. Vous créerez peut-être alors votre propre fiducie foncière ou ferez des dons à des organismes comme Conservation de la nature Canada ou Canards illimités Canada, avec l’intention ferme de mettre à l’abri des promoteurs immobiliers quelques-uns de nos plus beaux territoires et les espèces fragiles qui les fréquentent. 
Au Québec, Conservation de la nature Canada (CNC) a réussi à mettre à l’abri de la spéculation et du développement outrancier 386 km2 de terres privées depuis sa fondation, en 1962, par une poignée de naturalistes ontariens. D’accord, cela représente une tache à peine visible sur les 152 000 km2 d’aires protégées créées par le gouvernement du Québec à ce jour. Mais les règles du jeu ne sont pas les mêmes.
«Le gouvernement québécois crée des aires protégées dans le Nord. C’est facile, là-haut: il n’y a aucune pression urbaine! tonne Jean Paré, journaliste à la retraite, ancien président de CNC pour la région du Québec, et qui siège toujours au conseil d’administration de l’organisme.