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09 février 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Les élèves ont perdu le tiers d’une année d’apprentissages pendant la pandémie

Image: Jorge Dominguez/Unsplash

Les élèves du monde entier ont du retard à rattraper, selon une étude britannique.

Trois chercheurs de l’Université d’Oxford viennent de publier un article dans Nature Human Behaviour sur le sujet. Ils ont passé en revue toutes les recherches sur les apprentissages scolaires chez les élèves pendant les deux premières années de la pandémie de COVID-19. Leur constat n’est pas rose : « les élèves ont perdu environ 35% de l’apprentissage d’une année scolaire normale », lit-on dans l’étude.

L’une des mesures pour freiner la transmission du virus SRAS-CoV-2 dans la population a été de fermer les écoles et de poursuivre l’enseignement à distance. « Nous avons examiné les recherches effectuées dans 15 pays, principalement ceux à revenu élevé et quelques-uns à revenu moyen », a expliqué Bastian Betthäuser, auteur principal de l’étude, en conférence de presse.

Les résultats proviennent entre autres d’Australie, du Danemark, des États-Unis, du Mexique, de la Colombie, du Royaume-Uni et d’Afrique du Sud. « Les déficits d’apprentissage sont plus élevés chez les élèves provenant de milieux défavorisés, ainsi que dans les pays à revenu moyen. Il semble plausible que les déficits soient encore plus élevés dans les pays pauvres, pour lesquels nous n’avons malheureusement pas beaucoup de données », a-t-il ajouté. En d’autres mots, la pandémie a renforcé les inégalités en éducation au niveau mondial.

L’étude souligne également que les retards sont plus frappants en mathématiques qu’en lecture. « Cela peut être dû au fait que les parents sont plus à même d’aider leurs enfants en lecture qu’en mathématiques », pense Bastian Betthäuser.

Jonathan Smith, professeur en éducation à l’Université de Sherbrooke, n’est pas surpris de ces résultats obtenus par l’équipe britannique. Le chercheur, qui s’intéresse entre autres à la motivation dans un contexte scolaire, a sondé une cohorte d’élèves de troisième et quatrième secondaire du Québec pour mesurer leur niveau de motivation en plusieurs temps : avant le début de la pandémie, au retour en classe en novembre 2020 et encore en mai 2021. « S’il y a eu un gain de motivation lors du retour en classe [en novembre 2020] pour certains élèves, on remarque que la motivation a vraiment diminué ensuite et que l’anxiété et la dépression ont augmenté. »

Les contrecoups à long terme

Que pouvons-nous faire pour récupérer ces pertes d’apprentissages? se demande Bastian Betthäuser. « Nous devons faire plus qu’un simple retour à la normale. Les gouvernements doivent réfléchir à la manière dont nous pouvons offrir aux enfants la possibilité de rattraper cet apprentissage en dehors de la journée scolaire normale », invoque-t-il.

Certains pays ont d’ailleurs mis en place des programmes en ligne, des sessions de tutorat, du rattrapage pendant les vacances d’été, etc. Mais le manque de personnel qualifié ou encore le fait que ces programmes n’aient pas ciblé les élèves défavorisés n’ont pas donné les résultats escomptés. Bien qu’il y ait eu du soutien pédagogique à distance pour les élèves pendant les périodes de confinement, il a été clairement insuffisant pour les élèves ayant déjà des difficultés scolaires.

S’il est encore trop tôt pour identifier les conséquences à long terme des déficits d’apprentissage, le chercheur Bastian Betthäuser fait valoir que l’on devra rester attentif au parcours scolaire des élèves dans les années à venir et lors de certains moments transitoires.

Les passages du primaire au secondaire ou du secondaire au cégep sont reconnus comme des périodes de cheminement particulièrement stressantes, indique Jonathan Smith. « Ces élèves en transition, qui n’ont pas eu tout le soutien requis, n’auront pas nécessairement tous les apprentissages. Ils se retrouveront dans des conditions loin d’être gagnantes », soutient le chercheur de l’Université de Sherbrooke.

C’est encore plus vrai pour les élèves en difficulté. « On devrait les aider lorsqu’on les promeut au niveau supérieur. Mais il n’y a pas d’aide systématiquement mis en place », ajoute-t-il.

Comme le souligne l’étude, les difficultés d’apprentissage sont apparues dès le début de la pandémie, mais elles n’ont pas augmenté de façon significative tout au long du confinement. Une pointe d’espoir pour tenter de résorber le plus possible ces retards dans le futur.

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