Photo: Med Amine Ben Aziza/Corbis
«L’orthodoxie religieuse ne permet pas à la raison de s’exercer librement ni de s’exprimer en dehors des textes sacrés», dénonce Faouzia Charfi.
En Tunisie, les universités font face aux pressions des islamistes qui militent pour le port du niqab et réclament la séparation des hommes et des femmes dans les classes. La physicienne et femme politique Faouzia Charfi sonne l’alarme dans son ouvrage La science voilée (Odile Jacob, 2013). Les mouvements fondamentalistes entravent l’avancée du savoir scientifique dans son pays, dénonce-t-elle.
Militante de la première heure pour la modernisation de l’État, pour l’éducation et pour l’égalité des femmes, elle soutient que l’accès à la science fait partie intégrante des droits de l’homme.
Nommée secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur dans le gouvernement provisoire issu de la révolution de 2011, Faouzia Charfi a depuis démissionné pour reprendre sa liberté de parole.
Professeure à l’université de Tunis, vous avez été témoin de l’influence grandissante des groupes islamistes dans les universités de votre pays. Comment cela se manifeste-t-il?
À partir de la fin des années 1970, j’ai observé un changement d’attitude chez certains étudiants. Par exemple, ils contestaient, dans la théorie de la relativité d’Einstein, la valeur finie de la vitesse de la lumière, soit 300 000 km/s. Pour ces jeunes endoctrinés par les réseaux islamistes, Einstein s’était trompé puisque la lumière, étant sacrée, a une vitesse infinie.