Cessons de penser que tous les petits humains doivent se développer au même rythme en suivant les mêmes étapes.
Quand il n’était encore qu’un petit gars de Sherbrooke, au début des années 1950, André Turmel a passé un test d’intelligence. Le « Binet-Simon », créé au début du XX e siècle, classait les enfants selon la force de leur intellect, du génie, au crétin. Des décennies plus tard, ce professeur en sociologie à l’université de Laval a cherché à savoir quel résultat il avait obtenu. Pas de veine: le document avait disparu.
Si le sociologue s’est donné la peine de fouiller les archives familiales, c’est que le test Binet-Simon est une des percées scientifiques qui ont contribué à « standardiser » l’enfance. Cette notion de standardisation est au coeur d’un ouvrage qu’il a fait paraître en 2008 aux Presses de l’université Cambridge, A Historical Sociology of Childhood. Il le dédie à ses deux enfants et à ses quatre petits-enfants, et il y réfute l’idée selon laquelle tous les gamins se développent de la même manière, en franchissant une série d’étapes dans un délai prescrit. « Il faut diversifier notre rapport à l’enfance », plaide-t-il.