Quelques images finalistes du concours La preuve par l’image.
Une seule image peut suffire à susciter la curiosité envers la science. Le concours La preuve par l’image en est justement… la preuve!
Explorer le cœur d’une cellule cancéreuse, s’émerveiller devant la pirouette d’un triton alpestre, survoler les glaces de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent ou encore découvrir l’existence d’une sauterelle rose : tout cela est possible grâce à La preuve par l’image. Chaque année, ce concours chapeauté par l’Acfas, un organisme à but non lucratif contribuant à l’avancement des sciences au Québec et dans la francophonie, propose une sélection de 20 images exposant souvent une facette inédite de la recherche aux yeux du grand public.

Image: Margot Angibaud/Université du Québec à Rimouski
« L’idée derrière ce concours est de parler de la recherche à travers une image, explique Johanne Lebel, rédactrice en chef du Magazine de l’Acfas et chargée de projets. On regarde une image qui nous séduit et ensuite, on est curieux d’en savoir davantage. » L’image devient ainsi la porte d’entrée vers l’exploration. « C’est une belle façon pour les chercheurs de faire connaître leurs travaux », ajoute-t-elle.
Un petit requin multicolore
Margot Angibaud, étudiante à la maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à l’Université du Québec à Rimouski, a soumis une photo 3D d’un chien de mer à taches noires, un petit requin inoffensif habitant les eaux australiennes. « J’ai choisi ce requin, car normalement, quand on dit « requin » on pense à un grand monstre des mers dangereux. Or, le chien de mer à taches noires est un petit requin pas très connu qui ressemble presque à un gros poisson. J’ai voulu le mettre en valeur avec cette image », explique-t-elle.
L’image a été réalisée avec la technique de tomodensitométrie (aussi appelée CT-scan ou TACO) qu’on utilise également chez les humains pour voir les différents organes en 3D. « On obtient plein de photos de couches transversales du spécimen que l’on rassemble grâce à un logiciel ». Il lui a fallu plusieurs heures afin de séparer et identifier chacune des structures du squelette cartilagineux du requin. Le résultat est haut en couleurs. « J’ai choisi de mettre de la couleur à ce squelette pour montrer à quel point il y a énormément d’éléments différents qui le composent. »
Branches verglacées
De son côté, Bastien Lecigne, doctorant en biologie à l’Université du Québec à Montréal, propose une vue originale d’un érable sous le poids du verglas. Ses collègues et lui voulaient mieux comprendre le phénomène d’accumulation de la glace dans les arbres. À l’aide d’un lidar, une technologie de détection au laser, ils ont donc scanné des érables en parcourant les routes du Québec pour obtenir ensuite une image 3D de leur structure.
« L’image contient des millions de points. Pour chacun de ces points, le logiciel de programmation calcule le potentiel d’accumulation de la glace sur les branches. » Les couleurs nous informent du risque d’accumulation (le bleu signifie un risque élevé, le blanc un risque peu élevé). On voit donc que le verglas a le potentiel de s’accumuler sur le dessus de la couronne de cet érable.
Bastien Lecigne mentionne que cette recherche pourrait être utile pour les villes, qui seraient en mesure d’identifier des zones qui pourraient poser problème. De plus, cette méthode « intéresse beaucoup Hydro-Québec, avec qui on est en partenariat, le verglas étant un gros problème pour eux. Ça permettrait aussi d’anticiper d’éventuels dommages aux voitures ou aux infrastructures en général. »
Les deux jeunes chercheurs, qui participent pour la première fois à La preuve par l’image, apprécient la visibilité que le concours offre à la science. « C’est un monde souvent peu mis de l’avant dans l’actualité. En présentant la recherche sous forme d’images, cela la rend beaucoup plus accessible, observe Margot Angibaud. Cela nous donne aussi un petit boost de motivation pour continuer nos travaux qui nous passionnent et où on y passe des heures et des heures. »
Admirez toutes les œuvres sélectionnées sur le site de La preuve par l’image. Le jury dévoilera les cinq photos gagnantes en automne. Le public est aussi invité à voter pour le prix du public Découverte.

Image: Bastien Lecigne/Université du Québec à Montréal
La douzième édition du concours
Le projet de La preuve par l’image est né en 2010. « Dès le départ, on voyait un gros potentiel parce que l’intérêt pour l’imagerie scientifique avait vraiment explosé dans les dernières années. On sentait que ce type d’initiative émergeait un peu partout, dont un concours similaire à Princeton qui nous a inspiré », raconte Johanne Lebel. L’intérêt pour cette activité qui rejoint autant les chercheurs que le grand public ne s’est pas essoufflé depuis.
Grâce à divers partenariats, depuis quelques années, le concours a pris de l’ampleur du côté du Canada anglophone et en Belgique. L’Acfas prépare actuellement un livre pour son 100e anniversaire, où sera publiée une sélection d’œuvres de La preuve par l’image.