«C’est un moyen de transport, ça vole dans le ciel et on peut monter à son bord quand on part en voyage.» Dans la clinique spécialisée en autisme, à Brossard, tous les yeux sont tournés vers Medhi, 7 ans. Ceux de la psychologue Sylvie Bernard, ceux de l’éducatrice Évelyne Hodge, ceux du père de Medhi, et les miens, la «dame journaliste». Le petit garçon fait manifestement un effort pour ne pas regarder sa figurine de pompier. Il pourra la reprendre seulement quand l’exercice sera terminé.
«Sais-tu de quoi il s’agit?» l’encourage Sylvie Bernard, en cachant l’image de l’avion contre sa poitrine. «Un moyen de transport!» essaie le petit. La psychologue doit lui réexpliquer le rôle de chacun: elle donne les indices et, Medhi, lui, doit deviner.
La séance dure depuis déjà deux heures. Avant les devinettes, Medhi s’est exercé à placer, selon un ordre logique, des illustrations formant une histoire (un petit garçon en slip sur une première, enfilant un pantalon sur la seconde, puis un chandail sur la troisième), jonglant avec des concepts comme «au début», «après» et «à la fin». À l’occasion d’un autre exercice, Sylvie Bernard lui a enlevé soudainement son pompier jouet. Puis elle lui a expliqué qu’il avait le droit d’exprimer son désaccord, mais pas de faire une crise.