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15 février 2013
Temps de lecture : 4 minutes

Internet menace l’intelligence

Au cours de la dernière année, l’intelligence artificielle (IA) a été sur toutes les lèvres. Quelques exemples? Google a lancé ses premières voitures autonomes. Sa filiale DeepMind a créé une version encore plus puissante du programme AlphaGo qui, désormais, bat non seulement les meilleurs joueurs de go, mais est capable d’apprendre à jouer « sans rien savoir du jeu de go ». Un autre programme, Libratus, mis au point par des chercheurs américains, a réussi là où d’autres machines ont souvent échoué : il a battu des joueurs de poker, un jeu particulièrement difficile à saisir pour l’IA. Après avoir fait ses preuves dans le domaine de la santé, en aidant les médecins à prescrire de meilleurs traitements anti-cancéreux, le robot IBM Watson aide maintenant les cabinets d’avocats, les banques, les compagnies d’assurances, les opérateurs téléphoniques… Les chercheurs ne cessent de repousser les limites de l’IA. Publié début décembre, le premier rapport de l’Artificial Intelligence Index, une sorte d’état des lieux de l’IA, a d’ailleurs noté que le nombre de publications dans ce domaine s’est multiplié par 9 au cours des 20 dernières années. Cette progression à fond de train ne se fait pas sans heurt. De nombreux problèmes éthiques surgissent, à commencer par celui des robots tueurs et de l’usage abusif de la reconnaissance faciale (voir notre édito ici). En novembre dernier, des centaines d’experts se sont réunis à Montréal pour dévoiler, au terme d’un forum de deux jours, le préambule de la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, un document qui sera élaboré tout au long de l’année 2018 au fil de consultations.

 

Un usage intensif des technologies numériques nuit à la mémoire et à notre faculté de concentration. Il rend notre vie intellectuelle plus superficielle, selon Nicholas Carr.

Bien qu’il soit l’auteur du fameux best-seller mondial Internet rend-il bête? , Nicholas Carr, 53 ans, journaliste et essayiste états-unien de renommée internationale, n’a rien d’un réactionnaire allergique au Web. Les nouvelles technologies, au contraire, c’est sa spécialité.

«Je ne suis pas un technophobe, ni un “webophobe” invétéré. Je reconnais qu’Internet et les autres nouveaux outils technologi­ques de l’information sont des atouts pour l’humanité. Je ne pourrais jamais m’en passer. Cependant, ne soyons pas dupes. L’utilisation d’Internet altère notre cerveau. Elle est un danger pour la pensée et l’intelligence humaines», affirme ce journaliste iconoclaste.

Nicholas Carr, qui est devenu célèbre grâce à son blogue – qu’il a baptisé Rough Type –, consacré aux nouvelles technologies de l’information, est membre du comité éditorial de la prestigieuse Encyclopædia Britannica et collaborateur régulier au New York Times , au Wall Street Journal , au quotidien londonien The Guardian et au magazine culte Wired .

Nicholas CarrVous avez décidé d’écrire l’essai Internet rend-il bête? après avoir constaté que le Net perturbait votre capacité de concentration.

Je suis moi-même accro du Web. Dans le cadre de mes fonctions de journaliste, j’utilise beaucoup Internet.

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