Photo: Serge Gravel
Dans les régions forestières du Québec, une guerre médiatique et politique fait rage. Doit-on sacrifier des emplois pour sauver des caribous ?
Il n’y a pas plus capricieux qu’un caribou. Coupez des arbres dans son domaine et il s’éloigne, frustré. Construisez des routes en forêt et il hésite à s’en approcher à moins de 4 km ou 5 km. Parcourez les bois régulièrement et il angoisse. Il paraît qu’il a en plus besoin d’un territoire intouché de 800 km 2 à 1 000 km 2 pour être heureux. Quel égoïste !
Pas surprenant que ce cervidé n’aime pas les bûcherons. Au Québec, chaque année, plus de 9 200 travailleurs et leur machinerie prélèvent des arbres et réaménagent ainsi la forêt. En zone boréale, principalement dans les régions administratives du Nord-du-Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, l’industrie avance toujours plus loin au nord, où les populations de caribous forestiers, un écotype du caribou des bois, se retranchent.
Alors que l’animal a déjà occupé quasiment tout le sud québécois, on compte maintenant moins de 8 500 bêtes. « Leur mortalité est trop élevée par rapport aux naissances, faisant en sorte que la population décroît depuis plusieurs décennies », constate Martin-Hugues St-Laurent, chercheur en écologie animale et en conservation à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).