Le CO2 à la hausse La COP23 n’était pas porteuse de bonnes nouvelles : après trois ans de stabilisation, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse, augmentant possiblement de 2% cette année, selon les travaux du consortium scientifique Global Carbon Project. Grande consommatrice de charbon, la Chine serait en bonne partie coupable de ce phénomène qui marque un recul par rapport aux objectifs fixés par l’Accord de Paris visant à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C. De leur côté, des experts du Programme des Nations unies pour l’environnement ont estimé que, dans l’état actuel des choses, si tous les États signataires de l’Accord de Paris respectent leurs engagements à la lettre, la planète se réchauffera d’au moins 3°C d’ici 2100. Voilà qui n’est guère réjouissant. En novembre, 15 000 scientifiques provenant de 184 pays ont lancé un cri d’alarme, affirmant que l’humanité ne prend pas les mesures urgentes nécessaires pour sauver la biosphère en péril.
À une époque charnière où les réserves pétrolières mondiales se tarissent et où notre système économique, générateur d’iniquités sociales effarantes, est de plus en plus dysfonctionnel, Timothy Mitchell pose avec acuité une question cruciale: les énergies post-pétrole pourront-elles donner naissance à des régimes réellement démocratiques? Son livre très éclairant sonne le glas d’une «civilisation inconsciente et hédoniste» où la croissance illimitée a été érigée en «religion».

Timothy Mitchell est titulaire de la Chaire d’études du Moyen-Orient à la Columbia University, de New York.
Il est l’auteur de Carbon Democracy (Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Éditions La Découverte, 2013), un essai brillant et passionnant, et de deux autres livres très remarqués devenus des ouvrages de référence dans les milieux universitaires: Colonising Egypt et Rule of Experts.
D’où vient votre idée de «démocratie carbone»?
En étudiant l’histoire pétrolière au Moyen-Orient et en découvrant comment on avait exploré les premiers gisements, construit des oléoducs et des terminaux, transformé le pétrole brut en énergie calorifère et motrice, j’ai compris que l’énergie carbonée et la politique démocratique moderne étaient très étroitement liées.