Peut-on se réconcilier avec nos pigeons? Il le faut, disent les chercheurs. Pour avoir des villes bien vivantes.
Sur son balcon, près du carré Saint-Louis à Montréal, Natacha Boisjoly tient l’une des «tables» les plus courues à Montréal. Sa spécialité? Un mélange de millet, de maïs, de blé et de graines de tournesol. Une préparation qui plaît beaucoup aux moineaux, aux étourneaux, mais aussi et – surtout – aux pigeons. «Ce sont mes visiteurs préférés.
Je suis particulièrement attachée à deux pigeons un brin marginaux, que j’ai appelés Didibobo et Cafécafé. Le premier doit son nom à la mutilation qu’il présente à une patte et le second, à la tache brune qu’il a sur la tête», explique la biologiste.
Au-delà du plaisir que lui procure le nourrissage quotidien des pigeons, Natacha Boisjoly se sent investie d’une mission: améliorer les relations entre ces oiseaux mal aimés et les humains.
La jeune femme n’est pas la seule à avoir pris la défense de Columba livia. Aux quatre coins de la planète, scientifiques et simples citoyens tentent de réhabiliter cette espèce omniprésente. «C’est une démarche qui s’inspire de l’écologie de réconciliation, un concept qui prône la préservation de la biodiversité dans les milieux conçus par et pour l’homme», explique la biologiste Anne-Caroline Prévot-Julliard, coordonnatrice, en France, d’un rare projet de recherche interdisciplinaire sur le pigeon.