Photo: Marios Gkortsilas @ Unsplash.com
Si tu as un bon verre de lait le matin au déjeuner, un bon steak au dîner ou encore de délicieux haricots dans ton assiette au souper, c’est bien sûr grâce aux agricultrices et aux agriculteurs. Mais derrière ces personnes, on oublie souvent qu’il y a aussi les agronomes.
Véritables conseillères et conseillers, les agronomes aident les entreprises agricoles à trouver des solutions aux problèmes qu’elles rencontrent. Produire de la viande tout en respectant les règles d’élevage des animaux, choisir les céréales les mieux adaptées à un sol acide, sélectionner les meilleures vaches laitières, choisir la machinerie la plus performante… les missions de ces hommes et femmes de terrain sont étendues. Habituellement, les agronomes se spécialisent dans un secteur d’activité : porcin, laitier, avicole, production végétale…
Pierre-Luc Faucher, agronome
Pierre-Luc Faucher a terminé ses études d’agronomie à l’Université Laval en 2012. Depuis, il travaille comme agronome chez Lactech – Agri-Marché, une compagnie de produits alimentaires, dans le secteur de La Beauce. Sa spécialité : la production laitière. Depuis 2023, il s’occupe en plus d’une bergerie.
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Entrevue
Entrevue avec Pierre-Luc
Pourquoi as-tu choisi de devenir agronome ?
L’idée a germé graduellement durant mes années d’études. Quand j’ai terminé mon DEC, je n’étais pas prêt à entrer sur le marché du travail. J’ai fait le grand saut et je suis allé à l’université. Je voulais faire quelque chose de plus fondamental, comprendre le pourquoi du comment ! Mes parents sont aussi agriculteurs, spécialisés en production laitière.
En quoi ton métier est-il important ?
Nous avons un regard extérieur sur la production de nos clients. Les producteurs travaillent à longueur de journée dans leur ferme, avec leur équipe; ils et elles ne peuvent pas tout régler. Nous leur apportons de nouvelles techniques, et des informations sur le développement économique et social.
Quels aspects de ton travail préfères-tu ?
En tant qu’agronome, on interagit avec différents publics, c’est le point fort de ce métier, selon moi. Je suis aussi mon propre gestionnaire. Agri-Marché, mon employeur, permet de travailler de la maison, ça m’offre énormément d’autonomie.
Et ceux que tu aimes moins ?
La compétition. Je travaille pour une compagnie de produits alimentaires. Mais nous ne sommes pas les seuls, la concurrence peut être difficile, au niveau des prix, de la qualité des produits, cela peut être stressant. Mais ça apporte aussi des défis excitants à relever !
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait devenir agronome ?
Il faut être ouvert d’esprit. Si l’on prend une décision, il faut s’assurer d’avoir les bons arguments pour défendre son point de vue. Ce métier nécessite des connaissances générales très diversifiées : agricoles, alimentaires, économiques… Il faut évidemment être passionné. Pas la peine de faire ce métier si tu ne pars pas au travail avec le sourire !
Travailles-tu avec d’autres professionnels ?
À longueur de journée ! Je travaille avec des vétérinaires, d’autres conseillers dans le domaine, et même parfois des banquiers.
Es-tu amené à voyager ?
Je dois faire un peu de route, oui. Mon client le plus éloigné se trouve à 2 h 30 de chez moi. Je pars parfois plus loin, aux États-Unis ou à Toronto, pour des formations ou pour visiter des fermes.
Quelles relations entretiens-tu avec tes clients, les producteurs ?
Je les rencontre environ 1 fois par mois, et cela pendant plusieurs années. Il s’installe une grande relation de confiance. On ne se contente plus de parler de travail, mais d’autres sujets, comme la famille.
Quelle est la réalisation professionnelle dont tu es le plus fier ?
Tout au début, j’ai remplacé un représentant qui avait travaillé pour la compagnie durant 30 ans. J’ai réussi à garder la plupart de ses clients ! Les premiers mois ont été assez difficiles, car j’ai dû m’approprier le dossier de chacun. Mais j’ai réussi !
Une anecdote à nous raconter ?
Un jour, en pleine tempête hivernale, j’ai voulu rendre visite à un producteur que je ne connaissais pas encore, mais il était absent. En repartant de chez lui, je suis resté coincé dans la neige avec mon véhicule. J’ai dû attendre qu’il revienne, une heure plus tard, pour qu’il me sorte du banc de neige avec son tracteur. Belle première rencontre !
Comment vois-tu ton métier dans une dizaine d’années ?
C’est sûr qu’il va évoluer ! Grâce à la robotisation, on devient de plus en plus efficace. Il faut être habile avec l’ordinateur, ça devient obligatoire.
Journée type
Une journée dans la vie de Pierre-Luc
Vers 7 h 30, Pierre-Luc s’installe à son bureau, chez lui, avec son premier café de la matinée. Ses journées sont planifiées deux ou trois jours à l’avance, il connaît donc le programme du jour. Il s’attelle à la planification des jours à venir et consulte ses courriels. L’agronome passe en revue les producteurs auxquels il va rendre visite. Il lit un ou deux articles scientifiques concernant la recherche en production laitière avant de se mettre au volant de sa voiture vers 9 heures.
Une demi-heure plus tard, en compagnie de son premier client, l’agronome fait un tour de l’étable, visite le troupeau, inspecte les rations et évalue la quantité de lait produit par vache. Pierre-Luc vérifie aussi que les mangeoires sont bien ajustées et s’assure que les ingrédients contenus dans le silo sont bien conservés. Il informe le producteur des nouveautés en termes d’alimentation.
Après la visite d’un autre client, il s’arrête au restaurant pour dîner. Dans l’après-midi, il rend visite à 2 ou 3 autres exploitations agricoles. Entre deux rendez-vous, il tente sa chance auprès d’un producteur qui ne traite pas encore avec l’entreprise où il travaille. Celui-ci l’invite à visiter sa production. Pierre-Luc lui souligne les problèmes repérés et les solutions qu’il pourrait lui apporter.
Vers 16 heures, l’agronome rentre chez lui et rédige un rapport de sa journée qu’il envoie à son employeur. C’est le moment de réaliser de petites tâches, comme le programme alimentaire que lui a demandé d’ajuster le producteur du matin pour ses vaches.
Une fois par mois, Pierre-Luc a une réunion d’équipe au sein de son entreprise, en compagnie d’une vingtaine d’autres agronomes. Il reste ainsi informé de ce qui se passe au Québec.
Études
Le parcours universitaire de Pierre-Luc
Pierre-Luc est titulaire d’un DEC en productions animales de l’Institut de Technologie Agroalimentaires de La Pocatière. Il a ensuite poursuivi ses études de baccalauréat en agronomie à l’Université Laval, en plus de réaliser en 1 an une mineure en profil entrepreneuriale.
Au Cégep :
DEC en productions animales, biologie ou autres disciplines connexes
À l’université :
Deux universités au Québec offrent des baccalauréats dans ce domaine
L’Université Laval (Québec):
– Baccalauréat en bioagronomie
– Baccalauréat en agronomie :
– agronomie générale
– productions animales
– productions végétales
– sols et environnement
– Baccalauréat en agroéconomie ou économie et gestion agroalimentaire
– Baccalauréat en sciences et technologie des aliments, concentration agronomie
– Baccalauréat en génie agroenvironnemental ou génie rural
L’Université McGill (Montréal):
– Science agroenvironnementale :
– Spécialisation en production animale et en agrologie
– Spécialisation en agriculture écologique et en agrologie
– Spécialisation en production végétale et en agrologie
– Spécialisation en ressources du sol et de l’eau et en agrologie
– Spécialisation en économie agricole et en agrologie
– Agroéconomie :
– Spécialisation en industrie agroalimentaire et en agrologie
– Génie des bioressources :
– Option agrologie
Il faut ensuite réussir l’examen d’admission de l’Ordre des agronomes du Québec pour pouvoir porter le titre d’agronome.
Après le baccalauréat il est possible de poursuivre ses études à la maîtrise, puis au doctorat, dans des disciplines variées telles que l’agroforesterie, la biologie végétale, les sciences animales, les sols et l’environnement…
Et après ?
L’agronome peut intervenir en milieu agricole, mais également en milieux urbain et périurbain. Il peut travailler dans des milieux variés comme les cabinets de consultation d’agronome, les centres de recherche, les établissements d’enseignement, les organismes gouvernementaux et les regroupements de producteurs agricoles, les entreprises agricoles, d’approvisionnement à la ferme et de service-conseil.